Agir Maintenant : L’Impératif des Entreprises

Marine Martin

Actualités, Business

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Dans un monde en proie à une instabilité croissante, l’inaction peut s’avérer être une illusion dangereuse. Voici pourquoi les leaders avisés comprennent la nécessité de s’engager.

Les investisseurs et dirigeants d’entreprise sont bien conscients du lien entre risque et récompense. Si une approche prudente semble réduire le risque à court terme, l’inaction relative peut en réalité vous exposer à des risques beaucoup plus grands sur le long terme. Ne rien faire devient ainsi le choix le plus risqué.

À la fin de l’année 2024, le monde ne semble pas offrir à la communauté des affaires un éventail d’options particulièrement alléchantes. La guerre fait rage en Ukraine et au Moyen-Orient, les prix de l’énergie restent élevés, et un visage familier s’apprête à faire son retour à la Maison Blanche, reprenant là où il s’était arrêté il y a quatre ans. La vie va devenir encore plus compliquée.

Face à ces défis, la tentation pour les dirigeants d’entreprises de se désengager, de garder la tête baissée et de se concentrer sur les chiffres plutôt que sur l’actualité pourrait être forte. Cependant, cette attitude serait une erreur. Les événements ont inévitablement un impact sur les projets commerciaux. Aussi peu engageante que cela puisse paraître, c’est un moment où les entreprises doivent s’impliquer et s’engager, plutôt que de choisir de se désister.

Les sceptiques peuvent objecter que le bilan de l’engagement des entreprises est inégal, voire peu convaincant, et ils auraient raison. Pas plus tard qu’en 2019, lors des derniers jours paisibles avant la pandémie, le Business Roundtable américain annonçait que l’ère de la recherche exclusive de la « valeur actionnariale » était révolue. “Chacun de nos parties prenantes est essentiel”, déclarait un nouveau manifeste sur le but d’une entreprise, signé par 181 grands chefs d’entreprise. Les employés comptent : “Nous favorisons la diversité et l’inclusion, la dignité et le respect.” Lors du Forum économique mondial à Davos le mois suivant, Klaus Schwab affirmait qu’une nouvelle ère de capitalisme des parties prenantes était en train de naître.

Cependant, cela s’est révélé prématuré, voire erroné. Un investisseur a écrit au conseil d’administration de JP Morgan, dont le PDG, Jamie Dimon, avait été l’un des principaux artisans de la déclaration du Business Roundtable. Les objectifs commerciaux de JP Morgan et les devoirs fiduciaires des administrateurs avaient-ils changé ? Pas du tout, fut la réponse. En gros, c’était business as usual. Des recherches menées par des universitaires de la Harvard Law School ont révélé que très peu des 181 entreprises avaient réellement modifié leur approche fondamentale des affaires après la signature de cette déclaration. En fait, elle avait rarement été discutée au sein des conseils d’administration.

Ces PDG ont au moins essayé de déplacer le débat de la lecture destructrice des affaires inspirée par les travaux de l’économiste Milton Friedman, qui prônait que l’objectif principal des entreprises est de faire des bénéfices sans enfreindre la loi (ou sans se faire prendre, du moins).

Cependant, en termes d’économie politique, le Business Roundtable était peu réactif. Le chroniqueur britannique Will Hutton avait évoqué l’économie des parties prenantes dans son livre “L’État dans lequel nous sommes” dans les années 1990. En effet, dès 1932, Adolf A. Berle et Gardiner C. Means avaient publié “The Modern Corporation and Private Property”, qui abordait la séparation entre propriété et contrôle et appelait à une plus grande démocratie actionnariale, transparence et responsabilité.

Récemment, il semblait que des leaders d’entreprise responsables pourraient apporter une contribution positive à la société en matière de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI), tels que mentionnés dans la déclaration du Business Roundtable, et que les investisseurs pouvaient soutenir des activités commerciales progressistes (et durables) avec leurs fonds ESG (environnement, social, gouvernance).

Toutefois, ces interventions apparemment apolitiques ont été politisées. Le retour de Donald Trump au pouvoir s’est accompagné d’une vague d’hostilité envers le capitalisme dit “woke”. Ainsi, certains États américains dirigés par le Parti républicain ont attaqué les fonds de pension pour leurs investissements sous l’égide de l’ESG. La cause du DEI a été discréditée, comme si une plus grande équité et des chances égales au travail étaient quelque chose de négatif. Les entreprises qui souhaitent continuer à œuvrer positivement dans ce domaine doivent rebrander, voire camoufler leurs activités pour éviter le courroux de leurs détracteurs revitalisés.

Alors, quel est le rôle d’un leader d’entreprise responsable ? Heureusement, des conseils pratiques et avisés se trouvent dans un nouveau livre : *Higher Ground – how business can do the right thing in a turbulent world*, écrit par Alison Taylor, enseignante à la Stern School of Business à New York.

Taylor fait preuve de pragmatisme et de sagesse. “Être une entreprise éthique consiste à engager un processus de découverte sur votre *impact réel* et à fonder vos valeurs et principes de soutien sur ce que vous trouvez”, écrit-elle. “Que fait votre entreprise qui génère des impacts négatifs et positifs ? Comment affectez-vous l’environnement extérieur ? Comment cela vous impacte-t-il ? Comment pourriez-vous modifier ces résultats ?”

Dans une note de bas de page, Taylor offre cette remarque révélatrice : “Dans le cadre de ce livre, je citerai des exemples de pratiques positives et négatives, parfois de la même entreprise. Je ne peux fournir un exemple clair et global d’une entreprise qui réussit tout parfaitement ; je pense que l’attente que cela soit possible fait partie du problème.”

Le monde est en crise et traverse un moment difficile. Les entreprises engagées, menées avec réflexion, peuvent améliorer cette situation : en offrant de bons emplois et en vendant des biens et des services utiles. Nous ne devrions pas attendre des entreprises génératrices de profits qu’elles agissent de manière immaculée. Toutefois, elles devraient s’efforcer de nuire le moins possible. Parfois, elles peuvent même contribuer à rendre les choses meilleures.

Notre Opinion

Il est crucial que les entreprises prennent conscience des enjeux sociétaux et environnementaux contemporains. S’engager activement dans ces domaines, loin d’être un simple devoir moral, devient une nécessité stratégique dans un monde où les attentes des consommateurs et des investisseurs évoluent rapidement. Cela pourrait même constituer un atout concurrentiel, tant pour attirer des talents que pour renforcer la fidélisation des clients. Les entreprises doivent ainsi apprendre à naviguer entre leurs objectifs de profit et les impacts de leurs activités sur la société, un équilibre délicat mais fondamental pour construire un avenir durable.



  • Source image(s) : www.socialeurope.eu
  • Source : https://www.socialeurope.eu/the-high-stakes-gamble-of-doing-nothing-why-business-must-act-now

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