Le Programme des Nations Unies pour l’environnement et le Centre mondial de la biodiversité (UNEP-WCMC) ont organisé, en juillet 2024, les Dialogues pour l’Action Nature à l’occasion de la Conférence des Nations Unies sur la Biodiversité, COP16. Cet événement a catalysé des discussions sur la manière dont les entreprises et les institutions financières peuvent établir des stratégies et des approches pertinentes pour prendre en compte leur impact et leur dépendance à la biodiversité, afin de renforcer l’action à travers leurs portefeuilles, chaînes de valeur et paysages. Il est apparu clairement au cours des discussions que de nombreuses entreprises sont désireuses de s’impliquer dans le Cadre Mondial sur la Biodiversité de Kunming-Montréal (GBF), mais qu’elles manquent parfois de connaissance sur les moyens efficaces de le faire.
À travers le Partenariat Proteus, l’UNEP-WCMC produit une variété de ressources de connaissance permettant aux entreprises de naviguer parmi les objectifs mondiaux et de contribuer à leur réalisation. Cela inclut un bref technique de Proteus qui explore les contributions potentielles des entreprises à la mise en œuvre du GBF. Notre espoir, avec Proteus, est de donner aux entreprises les moyens de devenir des moteurs clés du changement pour aider à prévenir le déclin de la biodiversité, dans le cadre d’une approche intégrée à l’ensemble de la société.
Le rôle des entreprises dans la mise en œuvre du Cadre Mondial sur la Biodiversité de Kunming-Montréal
En décembre 2022, les Parties à la Convention sur la diversité biologique ont adopté le GBF, un ensemble de décisions ambitieuses visant à transformer la relation de la société avec la nature pour garantir la réalisation de la vision de « vivre en harmonie avec la nature » d’ici 2050.
Les enjeux sont considérables, avec une réduction de 69 % en moyenne des populations de faune sauvage au cours des cinquante dernières années. Les activités économiques, telles que l’extraction de ressources, ont été un moteur majeur de cette perte de biodiversité, mais les entreprises et les institutions financières ont aujourd’hui l’opportunité de favoriser un changement positif et transformateur. La mise en œuvre du GBF requiert des approches intégrales de la part des gouvernements et de la société pour transformer notre relation avec la nature et prendre des mesures urgentes pour stopper et inverser la perte de biodiversité d’ici la fin de la décennie. Le GBF fournit une feuille de route, décrivant 23 objectifs axés sur l’action qui s’inscrivent dans quatre grandes ambitions.
Les entreprises occupent une position unique pour réduire les pressions sur la biodiversité et promouvoir des résultats environnementaux positifs dans l’ensemble de leurs opérations et de leurs chaînes de valeur. En comprenant et en agissant sur leurs dépendances, impacts, risques et opportunités liés à la nature, les entreprises peuvent commencer à intensifier leurs efforts et soutenir la réalisation des ambitions du GBF.
La biodiversité est essentielle pour toutes les entreprises
Les entreprises ont toujours dépendu de la biodiversité, mais cela n’a pas toujours été une préoccupation générale. Cependant, la biodiversité devient rapidement un enjeu critique pour le monde des affaires, et le GBF présente une voie stratégique pour que les entreprises puissent contribuer positivement tout en protégeant l’avenir de leurs opérations. Les entreprises qui prennent les devants dans la gestion de la biodiversité ne se contentent pas de réduire les risques, elles débloquent également de nouvelles opportunités de croissance, d’accès au marché et de financement.
Le moment est venu d’un leadership crédible des entreprises et d’actions transformantes alignées sur les objectifs mondiaux pour stopper et inverser la perte de biodiversité.
Un cadre pour l’action des entreprises
Dans l’organisation de leurs actions et contributions vis-à-vis du GBF, les entreprises peuvent se guider par cinq domaines d’action :
- Considérer les objectifs du GBF de manière holistique. Les entreprises doivent examiner les 23 objectifs pour identifier où elles ont le potentiel d’entraver ou de soutenir l’avancement de leur réalisation. En identifiant les domaines où l’entreprise fait face à ses risques matériels et à ses opportunités, elle pourra concentrer ses efforts sur la réduction de ses pressions sur la biodiversité tout en apportant une contribution significative aux objectifs qu’elle peut véritablement aider à atteindre.
- Compléter et renforcer les efforts nationaux. Les stratégies nationales de biodiversité et les plans d’action (NBSAPs) constituent le mécanisme principal pour les gouvernements visant à mettre en œuvre le GBF. Suivant les processus nationaux, des opportunités directes peuvent exister pour le secteur privé de s’engager dans le développement et la mise en œuvre de ces plans nationaux. En général, les entreprises peuvent s’aligner sur les priorités et objectifs des pays dans lesquels elles opèrent (soit directement, soit à travers leurs chaînes de valeur) pour renforcer l’approche de mise en œuvre nationale.
- Être guidées par des considérations transversales. Le GBF présente 18 considérations pour sa mise en œuvre, qui fournissent aux entreprises un cadre utile pour s’assurer que leur approche respecte un équilibre efficace. Par exemple, ces considérations soulignent la nécessité d’approches intégrées, collaboratives et basées sur des données scientifiques qui contribuent aux objectifs de biodiversité, de climat, sociaux et économiques.
- Établir crédibilité et transparence. Diverses approches d’évaluation et de divulgation, liées à la nature, ont été élaborées pour garantir que les entreprises fondent leurs décisions et engagements sur des bases scientifiques et communiquent de manière externe sur leurs progrès à intervalles réguliers. Dans leur réflexion, les entreprises se voient également de plus en plus demandées d’élaborer des plans de transition en matière de biodiversité pour démontrer comment elles vont gérer les risques et agir pour atteindre leurs objectifs liés à la nature.
- Agir rapidement pour lutter contre la perte de biodiversité. Fixer des objectifs de biodiversité à court, moyen et long terme qui transforment les modèles d’affaires et les activités, en vue des objectifs globaux et nationaux. En définissant leurs objectifs, les entreprises peuvent rechercher des moyens de réduire les menaces à la biodiversité résultant de leurs opérations et de leurs chaînes de valeur, d’assurer une utilisation durable de la biodiversité et de partager les bénéfices, ainsi que d’intégrer la biodiversité dans leurs politiques d’entreprise et leurs processus décisionnels.
Quelles sont les prochaines étapes pour votre entreprise ?
À l’approche des objectifs de 2030, les entreprises peuvent :
- Participer à la prochaine Conférence Biodiversité des Nations Unies, COP16.
- Se tenir informées des mises à jour des NBSAPs et des priorités nationales en matière de biodiversité.
- S’engager proactivement dans la planification de la biodiversité, à la fois au sein de l’entreprise et en partenariat avec les parties prenantes.
- Aligner les engagements corporatifs en matière de biodiversité avec les objectifs globaux et nationaux.
- Considérer le Plan de biodiversité dans un contexte plus large de besoins en matière de financement, de partage des bénéfices et de transparence comme un ensemble d’actions concrètes.
Pour des conseils supplémentaires sur l’alignement de votre entreprise avec le Cadre Mondial sur la Biodiversité de Kunming-Montréal, consultez le briefing technique complet de Proteus de l’UNEP-WCMC.
Image principale : AdobeStock #599748646, TStudious
Notre Opinion
L’implication des entreprises dans la préservation de la biodiversité devient de plus en plus cruciale au regard des enjeux environnementaux contemporains. Le Cadre Mondial de Kunming-Montréal offre un cadre stratégique mobilisant non seulement les ressources nécessaires, mais également des pratiques d’engagement constructif. En tant que moteurs économiques, les entreprises ont le potentiel d’agir de manière significative en intégrant des stratégies de durabilité dans leurs processus opérationnels. L’approche suggérée par l’UNEP-WCMC et le Partenariat Proteus pourrait également inciter une réflexion approfondie sur la responsabilité sociale des entreprises, ouvrant la voie à des modèles d’affaires plus résilients et respectueux de l’environnement.
- Source images(s) : www.unep-wcmc.org
- Source : https://www.unep-wcmc.org/en/news/driving-business-action-on-the-global-biodiversity-framework
Marine Martin, originaire de l’île Maurice, a débuté sa carrière comme conseillère bancaire avant de se faire un nom à New York. Passionnée par les marchés financiers internationaux, elle se spécialise dans les domaines de la banque, de la finance et du trading.