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L’élan s’accélère, mais des efforts supplémentaires sont nécessaires : Accélérer la transition
Alors que la conversation mondiale autour de la finance liée à la nature continue d’évoluer, l’accent passe de la méthode — comment mesurer, divulguer et rapporter sur les indicateurs liés à la nature — à l’objet même — la transition systémique nécessaire pour aligner nos économies avec les objectifs ambitieux du Cadre mondial pour la biodiversité (CGB). Les institutions financières prennent conscience de la nécessité de transformer leurs opérations et investissements pour favoriser un avenir positif pour la nature. En ce moment critique, les enjeux n’ont jamais été aussi élevés, et bien que l’élan se renforce, il reste encore beaucoup à faire.

A Transition Systémique pour la Finance de la Nature
Les institutions financières doivent reconnaître que faire face à la perte de biodiversité implique bien plus que des indicateurs et des rapports, mais nécessite une transformation fondamentale des modes de fonctionnement des économies. La tâche à accomplir consiste à réaliser une transition systémique qui aligne les systèmes financiers aux objectifs environnementaux les plus urgents, notamment l’objectif 30×30 visant à protéger 30 % de la planète d’ici 2030. Pour ce faire, il est crucial de privilégier le capital naturel, de créer des mécanismes financiers et de garantir que les investissements soient dirigés vers les zones de biodiversité critiques.

Bien que l’attention portée à la finance liée à la nature soit en pleine croissance, de nouveaux véhicules financiers et mécanismes de financement sont nécessaires pour canaliser efficacement les capitaux. Le véritable défi demeure cependant : cet argent sera-t-il dirigé vers des secteurs où il aura un impact significatif ? Le dernier rapport Protected Planet 2024 révèle des lacunes préoccupantes malgré l’engagement 30×30 au CGB : seulement 17,6 % des terres, 11 % des eaux douces et 8,4 % des zones marines sont actuellement protégées. De plus, la biodiversité continue de décliner, le biote d’eau douce enregistrant les pertes les plus importantes. Pour que les institutions financières s’alignent véritablement sur les objectifs de biodiversité, il est essentiel de créer des produits financiers innovants ciblant ces zones cruciales — et cela doit se faire rapidement avant que la fenêtre d’opportunité ne se ferme. Dans le même temps, il est nécessaire d’atteindre à la fois un impact et une échelle significative.

Changer de Perspective : Des Incertitudes à Long Terme aux Risques Immediats et Concrets
Historiquement, les risques liés à la nature étaient perçus comme des menaces incertaines à long terme. Cependant, le discours évolue. L’accent est désormais mis sur les risques immédiats et spécifiques, notamment ceux liés à la dégradation environnementale. Ces risques commencent à être reconnus de manière plus explicite dans les systèmes financiers. Toutefois, malgré l’urgence croissante, les systèmes économiques modernes continuent de sous-évaluer la nature, car elle n’est pas encore reconnue comme un actif économique.

En intégrant les risques liés à la nature dans les évaluations financières, nous nous rapprochons d’une intégration du capital naturel dans l’économie principale. Ce changement est crucial car la nature n’est pas simplement un facteur externe ; elle constitue un élément central de nos systèmes économiques et financiers. Sans une intégration adéquate, les économies resteront vulnérables aux chocs d’origine naturelle, ce qui pourrait gravement compromettre le PIB mondial.

Stress Testing des Risques Liés à la Nature : Une Nouvelle Ère de la Gestion des Risques Financiers
Les récentes initiatives des banques centrales et des institutions financières soulignent la nécessité d’effectuer des tests de résistance liés à la nature. La Banque centrale des Pays-Bas, la Banque d’Angleterre ainsi que d’autres membres d’UNEP FI, tels que Barclays et ING, explorent des moyens d’évaluer les impacts économiques de la perte de nature sur leurs portefeuilles. Une étude de la GreenFinance Initiative (GFI) suggère que les risques associés à la nature pourraient entraîner une perte estimée de 12 % du PIB du Royaume-Uni, et il est probable que ce chiffre soit encore plus élevé dans les pays les plus riches en biodiversité. Parallèlement aux impacts à l’échelle macroéconomique, l’analyse a évalué que certaines banques pourraient connaître des réductions de valeur allant jusqu’à 4-5 % dans certains cas, soulignant que ces estimations sont probablement conservatrices. Cela indique que les risques liés à la nature n’affecteront pas seulement l’économie, mais également la résilience financière. Ces résultats mettent en évidence l’urgence d’intégrer la nature dans la gestion des risques financiers et l’importance croissante des tests de résistance pour la stabilité financière en matière de nature.

Les institutions financières doivent passer de la théorie à l’action pratique en intégrant les tests de résistance liés à la nature dans leurs opérations centrales et en s’engageant dans des initiatives de finance positive pour la nature — un domaine où de nouvelles méthodologies et cadres, tels que le Taskforce on Nature-related Financial Disclosures (TNFD), jouent un rôle essentiel.

Renforcer les Communautés Autochtones : Un Élément Central de la Finance de la Nature
Le rôle crucial des peuples autochtones et des communautés locales dans la conservation de la biodiversité est de plus en plus reconnu, comme en témoigne la création d’un nouvel organe subsidiaire permanent sous la Convention sur la biodiversité de l’ONU. Ainsi, les peuples autochtones et les communautés afrodescendantes sont vus comme des acteurs majeurs dans la conservation de la biodiversité. Ces communautés, gardiennes des régions les plus riches en biodiversité, doivent être au centre de toute stratégie de finance de la nature. Leur implication ne doit pas être considérée comme un supplément mais comme un élément fondamental des efforts de conservation de la biodiversité et de financement durable.

Les institutions financières doivent collaborer de manière significative avec ces communautés, veillant à ce que leur expertise soit reconnue et qu’elles bénéficient des financements mobilisés pour protéger leurs écosystèmes. Cette approche inclusive est vitale pour la légitimité et le succès à long terme des initiatives de finance de la nature.

Le Rôle de la Technologie et des Données : Cartographier l’Avenir de la Finance de la Nature
L’un des développements les plus prometteurs dans la finance liée à la nature est l’accessibilité croissante d’un ensemble de données détaillées sur la nature et le rôle de la technologie dans l’éclaircissement des décisions d’investissement. À mesure que les données évoluent, les institutions financières devront intégrer ces outils dans leurs processus d’investissement, leur permettant d’identifier avec précision les opportunités et les risques liés à la nature. Cette transition permettra aux investisseurs de prendre des décisions plus éclairées, stimulant ainsi l’ampleur de la finance liée à la nature nécessaire pour atteindre les objectifs mondiaux de biodiversité. De plus, au-delà des données sur la nature, les banques et autres institutions financières devraient acquérir des données détaillées sur les actifs et les fournitures de leurs clients, afin que cela puisse être associé à une évaluation granulaire des risques pour ces derniers.

Action Politique et Régionalisation : Un Appel à des Efforts Mondiaux et Locaux
Bien que l’action politique au niveau gouvernemental soit essentielle pour intégrer la finance de biodiversité, il est clair qu’il faut des incitations gouvernementales pour générer des effets positifs pour la nature. Une réglementation adaptée peut inciter le secteur financier à agir et à intégrer la biodiversité dans ses processus décisionnels.

Il est également crucial de reconnaître le leadership des régions du Sud global, où les pays sont directement confrontés aux conséquences de la perte de biodiversité et du changement climatique. L’action dans des zones comme l’Amérique Latine, l’Afrique et la région Asie-Pacifique s’accélère, et une approche régionale plus ciblée est nécessaire pour soutenir les actions de base et les priorités régionales. UNEP FI insiste sur ce point, collaborant avec des acteurs locaux pour canaliser les investissements là où ils sont le plus nécessaires.

Assurance et Planification de Transition : Se Préparer pour un Avenir Positif pour la Nature
L’assurance joue un rôle double, à la fois facilitateur des activités économiques et gestionnaire des risques, renforçant la résilience des communautés et des économies. En 2024, l’UNEP FI s’appuiera sur les travaux fondamentaux du PSI concernant le rôle de l’assurance dans l’atténuation et la gestion des risques, portant ainsi des solutions basées sur la nature. Les banques, les gestionnaires d’actifs et les propriétaires d’actifs devraient collaborer avec les assureurs pour élaborer des stratégies, des pratiques et des produits qui soutiennent la transition vers une économie positive pour la nature, tout en abordant la gestion des risques et le financement de projets qui respectent cette philosophie.

La planification de transition est un autre domaine qui retient l’attention. Les institutions financières explorent maintenant l’engagement des clients et le financement de transition, travaillant avec des entreprises dans des secteurs comme l’agriculture, la foresterie et la pêche pour mettre en œuvre des pratiques durables. Les orientations de diverses initiatives comme le TNFD, GFANZ et WWF aident les institutions à définir des objectifs d’impact, à affiner leurs processus de diligence raisonnable et à développer des innovations en matière de financement de transition.

Conclusion : Passer au-Delà des Descriptions et vers des Actions Concrètes
Le temps presse ; la COP16 à Cali a rappelé au monde qu’il est temps pour la finance de la nature de dépasser les discussions et les descriptions. Les institutions financières doivent démontrer des actions concrètes et des résultats tangibles. Le Cadre Mondial pour la Biodiversité établit des objectifs clairs et le secteur financier doit travailler sans relâche pour les atteindre. L’action d’investissement Nord-Sud à grande échelle est cruciale, avec l’essor de nouveaux produits financiers basés sur la nature. Le défi consiste à relier ces innovations aux objectifs du CGB et à garantir qu’elles donnent lieu à des résultats réels et mesurables.

A mesure que l’impulsion grandit, l’UNEP FI pilote le développement de produits financiers innovants qui s’alignent sur les objectifs du CGB, en se concentrant sur des résultats mesurables et positifs pour la nature. Avec un leadership, de l’innovation et une action déterminée, nous pouvons créer un système financier au bénéfice tant des hommes que de la nature. L’UNEP FI appelle les institutions financières à entreprendre des actions immédiates et audacieuses pour aligner leurs investissements sur le CGB, garantissant un avenir où la biodiversité prospère et les économies sont durables.

Notre Opinion

Le tournant vers une finance de la nature plus intégrée représente une avancée significative. Cependant, il est crucial de ne pas se limiter à des déclarations d’intention, mais de passer à des actions concrètes et mesurables. Le rôle des banques dans cette transition est essentiel, mais leur engagement doit s’accompagner d’un dialogue réel avec les communautés locales, souvent au cœur des enjeux de biodiversité. Adopter une approche véritablement inclusive semble être non seulement bénéfique, mais également indispensable pour la pérennité des initiatives à long terme en matière de finance de la nature.



  • Source image(s) : www.unepfi.org
  • Source : https://www.unepfi.org/themes/ecosystems/trend-report-nature-finance-looking-ahead-to-2025/

By Rebecca Dubois

Rebecca Dubois est Responsable de la section Business et Finance / Elle est Chargée de coordonner les différentes sections de Sefarad et s'occuper également du programme International et des Actualités, de la Finance du Développement personnel et des sujets liés à l'entrepreneuriat

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