L’objectif affiché vise à tripler le financement climatique pour les pays en développement, le portant à 300 milliards de dollars par an d’ici 2035, avec les pays développés en tête de cet effort. En parallèle, un appel est lancé à tous les acteurs pour augmenter ce financement global à 1,3 trillion de dollars annuels à partir de 2035, provenant de toutes les sources publiques et privées.
Cependant, cet objectif semble insignifiant comparé aux près de 600 milliards de dollars dont les pays en développement ont actuellement besoin chaque année pour mettre en œuvre leurs plans climatiques nationaux existants jusqu’en 2030. Les futures négociations doivent donc s’attacher à combler cet écart, en mobilisant de nouvelles sources de financement. Il est essentiel que chacun croie en cette possibilité et agisse en ce sens.
Le financement est un facteur clé pour accélérer l’action climatique. Chaque année passée sans un financement adéquat pour la mitigation, l’adaptation et les pertes et dommages liées au climat diminue les chances d’un avenir stable, sain et sûr pour l’humanité. Les communautés vulnérables aux quatre coins du monde subissent déjà les conséquences désastreuses de la crise climatique, rendant urgent le redirigeant de fonds climatiques suffisants vers elles sans plus attendre.
Aux côtés des effets catastrophiques du changement climatique sur les humains, la nature subit également des assauts considérables, entraînant de sérieuses répercussions sur les économies et les sociétés. Selon l’évaluation de la Liste Rouge de l’UICN présentée lors de la COP29, 44 % des espèces de coraux d’eau chaude dans le monde sont désormais menacées d’extinction, principalement à cause du changement climatique. Les dommages infligés à la nature compromettent toute une série de services qu’elle nous rend, allant des pêcheries à l’alimentation, en passant par l’eau potable, le stockage du carbone et la protection contre les événements climatiques extrêmes.
Cela souligne l’urgence de garantir des réductions profondes des émissions mondiales de gaz à effet de serre, notamment par une cessation rapide et juste de toutes les énergies fossiles. L’UICN réitère son appel à toutes les Parties pour qu’elles déposent de nouvelles Contributions Nationales Déterminées (NDC) avec le niveau d’ambition le plus élevé possible d’ici février 2025 et encourage à les inscrire dans les législations et régulations nationales. Par ailleurs, elle insiste sur la nécessité de doubler nos efforts pour protéger, conserver et restaurer la nature. Cette combinaison est la clé pour maintenir les objectifs de température et de résilience de l’Accord de Paris à portée de main.
Lors de la COP29, l’UICN a eu le plaisir de collaborer avec la présidence azérie pour coorganiser la Journée de la Nature et de la Biodiversité à Bakou le 21 novembre. Cet événement avait pour but d’harmoniser les actions en faveur du climat, des personnes et de la nature, réunissant des leaders mondiaux des gouvernements, des organisations internationales, des organisations des peuples autochtones ainsi que du secteur public et privé pour promouvoir la collaboration et l’ambition à travers une action climatique intégrée à la nature.
Pour garantir que la transition énergétique nécessaire pour maintenir la température à 1,5°C soit bénéfique pour la nature, l’UICN s’est engagée activement auprès du secteur privé durant la COP29.
La COP29 a également vu d’autres avancées notables. Après près de 10 ans de négociations intensives et techniques, les États ont finalisé les règles régissant le fonctionnement des marchés du carbone en vertu de l’Article 6 de l’Accord de Paris. L’UICN se félicite de ces décisions clés, mais souligne que leur mise en œuvre sur le terrain devra être étroitement surveillée pour garantir des bénéfices réels pour le climat, la biodiversité et les populations, sans causer de préjudices.
Il est important de noter que la COP29 a également clairement reconnu le rôle et les contributions des peuples autochtones et des communautés locales dans la gestion de la nature et le leadership climatique, ainsi que les effets disproportionnés auxquels ils font face à cause du changement climatique. L’UICN salue le renouvellement du mandat du Groupe de Travail Facilitatif (FWG) de la Plateforme des Communautés Locales et des Peuples Autochtones (LCIPP), ainsi que l’adoption réussie de leur nouveau Plan de Travail de Bakou pour 2025-2027. Il est crucial que les droits, préoccupations, intérêts et savoirs traditionnels des peuples autochtones et des communautés locales soient pleinement pris en compte dans toutes les politiques et actions climatiques, tout en veillant à ce que le financement climatique soit considérablement augmenté et accessible de manière directe.
L’UICN se réjouit également de la décision d’étendre le Programme de Travail de Lima sur le Genre pour une durée supplémentaire de 10 ans. Il ne peut y avoir d’action climatique réussie à long terme qui ne soit pas sensible au genre et n’assure l’égalité des sexes. Cependant, davantage d’efforts doivent désormais être déployés, y compris pour élaborer et adopter un nouveau Plan d’Action Genre d’ici la COP30. L’UICN continuera à travailler activement avec et à soutenir les Parties dans cet effort.
La COP29 a également reconnu le rôle précieux joué par les acteurs non étatiques dans l’appui aux objectifs de l’Accord de Paris. L’UICN se félicite de l’extension du mandat du Partenariat de Marrakech pour l’Action Climatique Mondiale, y compris la nomination de champions de haut niveau jusqu’en 2030.
Enfin, il est essentiel de souligner que la crise climatique est également une crise des droits humains. Alors que la COP29 s’achève, l’UICN se prépare à soumettre un avis consultatif sur les obligations des États en matière de changement climatique au Tribunal International de Justice à La Haye le mois prochain. Le changement climatique compromet les droits de millions de personnes à travers le monde à un environnement sain, à un logement, à la préservation de leur culture et même à la vie. Notre Union continuera de défendre leurs droits jusqu’à ce qu’ils soient pleinement respectés.
Notre Opinion
Il devient de plus en plus apparent que le financement climatique doit être considéré non seulement comme un impératif économique mais aussi comme une responsabilité éthique. La nécessité d’améliorer l’accès aux fonds pour les populations les plus affectées par le changement climatique devrait inciter les pays développés à prendre des mesures proactives. En intégrant des approches multidimensionnelles qui reconnaissent le rôle des communautés indigènes et locales, nous avons la possibilité de créer un cadre inclusif et efficace pour une action climatique véritablement durable, qui répond aux besoins de tous sans laisser personne de côté.
- Source image(s) : iucn.org
- Source : https://iucn.org/iucn-statement/202411/finance-deal-important-limited-step-towards-common-goals-better-future
Rebecca Dubois est Responsable de la section Business et Finance / Elle est Chargée de coordonner les différentes sections de Sefarad et s’occuper également du programme International et des Actualités, de la Finance du Développement personnel et des sujets liés à l’entrepreneuriat