La Commission des Finances de la Knesset a donné son approbation à la réforme majeure du budget 2025. À l’issue d’une campagne prolongée menée par des organisations professionnelles contre cette initiative, la majorité des membres de la Knesset dans la commission ont voté en faveur de cette législation complexe. Celle-ci permettra à l’État de percevoir des impôts sur les bénéfices estimés à 150 milliards de shekels qui sont actuellement gelés dans des sociétés de services personnels.
Les “bénéfices gelés” font référence aux profits accumulés par des entreprises qui n’ont été soumis qu’à l’impôt sur les sociétés, à un taux de 23%. Éventuellement, si ces bénéfices sont répartis sous forme de dividendes, un impôt supplémentaire allant jusqu’à 30%, ainsi qu’une surtaxe dans de nombreux cas, sera exigible en tant qu’impôt sur le revenu.
La proposition initiale du Ministère des Finances envisageait une nouvelle taxe de 2% par an sur tous les bénéfices gelés. Au cours des débats, une alternative a été introduite, principalement destinée aux sociétés holding, permettant de remplacer la taxe par une distribution de dividendes, initialement de 5% du montant accumulé, puis de 6% à partir de 2026.
« Le Ministère des Finances cherche à compenser le déficit causé par la guerre, et force donc les actionnaires à distribuer un dividende même s’ils ne comptaient pas le faire », explique Ai Maman, CPA et associé au cabinet d’expertise comptable Rabinowitz Even Maman. « De plus, le Ministère a mis en place une nouvelle méthode de calcul de l’impôt sur les sociétés qui s’appliquera aux entreprises à partir de 2025. Deux taux d’imposition s’appliqueront aux bénéfices conservés dans une entreprise : l’impôt sur les sociétés pour les bénéfices représentant jusqu’à 25% du chiffre d’affaires, et un taux marginal sur les bénéfices excédentaires, équivalant au taux d’imposition payé par les actionnaires. Grâce à cette méthode de calcul, les actionnaires d’une société pourront accumuler beaucoup moins de bénéfices gelés dans les années à venir. »
À quelles entreprises la loi s’appliquera-t-elle, et lesquelles en seront exemptées ?
« Les nouvelles règles s’appliqueront aux sociétés ayant jusqu’à cinq actionnaires avec un chiffre d’affaires annuel inférieur à 30 millions de shekels, ainsi qu’aux sociétés holding ou d’investissement avec des actions passives significatives. Cela concerne donc les sociétés de services personnels, les professions libérales, les partenariats d’experts-comptables et d’avocats, ainsi que les entreprises de taille intermédiaire », explique Maman.
Pour quelles entreprises est-il judicieux d’opter pour la piste alternative de la distribution obligatoire de dividendes, et pour lesquelles la première option d’une taxe de 2% sur les bénéfices cumulés est-elle préférable ?
« La plupart des entreprises choisiront la distribution annuelle obligatoire de dividendes de 5 à 6%, car après le paiement de l’impôt, elles versent également de l’argent aux actionnaires, ce qui revient, d’un point de vue financier, à un paiement d’impôt anticipé. Je ne vois pas l’intérêt d’opter pour l’alternative des 2%, car c’est une amende en tout point, qui ronge simplement le capital des actionnaires. Il est possible que quelques entreprises atypiques choisissent cette option, mais il n’est toujours pas clair sur quel montant du capital des actionnaires cette amende devra être payée. Si le calcul conduit à un paiement d’impôt négligeable, alors il y a une logique à l’adopter. »
Quelle est la signification de l’augmentation de la surtaxe sur les distributions de dividendes, et est-il avantageux pour les entreprises de distribuer des bénéfices avant la fin de 2024 ?
« La nouvelle surtaxe de 2% s’appliquera uniquement aux plus-values. Elle n’affecte pas les distributions de dividendes d’autres revenus, et ne s’applique qu’à partir de 720 000 shekels annuels. Il n’est pas clair pourquoi certaines entreprises se seraient précipitées à verser des dividendes, car la nouvelle surtaxe ne s’appliquera pas à ceux-ci. De toute manière, la décision de verser un dividende peut être prise jusqu’au 31 décembre, et le rapport aux autorités doit être soumis d’ici le 15 janvier 2025, donc il n’y a pas d’intérêt à se hâter de verser un dividende simplement à cause de cette réforme. »
La législation complexe a réussi à troubler même les experts. Alors que Maman interprète la nouvelle surtaxe comme non applicable aux dividendes, d’autres acteurs du domaine estiment qu’elle leur sera également imputée comme à d’autres revenus du capital, sauf pour certaines exonérations liées à la vente d’un domicile.
Comment les entreprises peuvent-elles se structurer adéquatement dans ce nouveau contexte en matière de planification fiscale ?
Maman : « Il n’y a pas vraiment de planification fiscale à réaliser actuellement, si ce n’est que toute personne autonome (osek mursheh) qui envisageait de créer une société de services personnels limitée devrait reconsidérer sa position. La question se pose de savoir si cela vaut toujours le coup avec la nouvelle méthode d’imposition, sachant que maintenir une société limitée coûte plus cher que d’être autonome. De plus, les investisseurs du marché des capitaux détenant des valeurs mobilières avec des bénéfices supérieurs à 720 000 shekels devraient envisager de vendre en 2024 et de payer les taux d’imposition en vigueur (25% sur les plus-values plus une surtaxe de 3%), plutôt que le 30% applicable à partir de 2025. »
Notre Opinion
Les réformes fiscales en cours, bien qu’elles visent à réduire les déficits budgétaires, soulèvent des questions complexes sur l’avenir de la fiscalité des sociétés et des actionnaires. En adaptant les règles fiscales à la réalité économique actuelle, il est essentiel que les décideurs veillent à ne pas freiner l’initiative entrepreneuriale. Une approche équilibrée pourrait encourager une distribution plus saine des dividendes tout en préservant les intérêts à long terme des entreprises et de leurs actionnaires.
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Rebecca Dubois est Responsable de la section Business et Finance / Elle est Chargée de coordonner les différentes sections de Sefarad et s’occuper également du programme International et des Actualités, de la Finance du Développement personnel et des sujets liés à l’entrepreneuriat