Muscat – Selon Fitch Ratings, la demande croissante du public, l’élargissement des canaux de distribution, l’usage accru des sukuk comme outil de financement public et les récentes réformes réglementaires devraient favoriser une expansion continue du secteur de la finance islamique à Oman.
Fitch estime que l’industrie de la finance islamique à Oman dépassera les 40 milliards de dollars à moyen terme, la chiffrant à 30,9 milliards de dollars en septembre 2024. Les actifs bancaires islamiques représentent plus des deux tiers (69 %) de ce montant, suivis des sukuk en circulation (30 %) et des contributions takaful (1 %).
Une avancée réglementaire majeure a eu lieu en octobre 2024, lorsque la Banque centrale d’Oman (CBO) a introduit la Loi sur la protection des dépôts bancaires, comblant ainsi une lacune structurelle en étendant la protection des dépôts aux banques islamiques.
« Nous pensons que cela renforcera la confiance dans le secteur bancaire islamique d’Oman, l’ancien système d’assurance des dépôts ne couvrant que les banques conventionnelles, » a indiqué Fitch dans un rapport.
A la fin du troisième trimestre 2024, les actifs totaux des banques islamiques et des fenêtres islamiques d’Oman ont atteint 8,2 milliards de rials omanais (environ 21,3 milliards de dollars), avec une part de marché de 18,7 % dans le total des actifs du secteur bancaire omanais, selon les dernières données de la CBO.
Fitch a observé que des conditions économiques favorables, une amélioration de la qualité des actifs, une rentabilité stable, une capitalisation solide et une liquidité adéquate devraient offrir aux banques islamiques la flexibilité nécessaire pour absorber des chocs modérés, notamment si les tensions géopolitiques dans la région s’intensifient.
L’agence a souligné que les banques islamiques à Oman ont surpassé leurs homologues conventionnelles en termes de croissance des financements, les premières ayant vu leurs portefeuilles de financement croître de 12,6 % sur un an d’ici le troisième trimestre 2024, contre seulement 3,2 % pour les banques conventionnelles. La croissance des dépôts islamiques a également dépassé celle des banques conventionnelles, enregistrant une hausse de 23,7 %, contre 11,3 % pour celles-ci.
« Les fenêtres de banques islamiques bénéficient de l’infrastructure établie de leurs banques conventionnelles parentes, ce qui se traduit par une plus grande efficacité des coûts, » a précisé Fitch. Les contrats de partage des bénéfices et des pertes restent centraux dans le système bancaire islamique d’Oman, le diminishing musharaka représentant 43,1 % du financement total et le wakala constituant 23,6 % à fin 2023.
Croissance des sukuk
Fitch a également noté une augmentation significative des émissions de sukuk à Oman, ces derniers représentant désormais 21 % du mix du marché des capitaux d’emprunt (DCM) en circulation. À la fin du troisième trimestre 2024, le DCM omanais a atteint 45 milliards de dollars en dette en cours, soit une hausse de 0,8 % par rapport à l’année précédente. Fitch a évalué 6,5 milliards de dollars de sukuk omanais en circulation au troisième trimestre 2024, répartis également entre le gouvernement et les entreprises.
Les émissions de sukuk à Oman ont bondi de 86 % d’une année sur l’autre, atteignant 2 milliards de dollars au cours des neuf premiers mois de 2024, dépassant ainsi la croissance des émissions obligataires omanaises, qui ont progressé de 53 % pour atteindre 5,6 milliards de dollars.
En dépit de cette croissance, Fitch n’anticipe pas de pic significatif à court terme dans l’émission globale de dettes, le gouvernement du sultanat ayant utilisé son excédent budgétaire, renforcé par la hausse des prix du pétrole, pour rembourser ses dettes par anticipation.
Fitch a également mis en avant les efforts des autorités omanaises pour développer le marché des capitaux d’emprunt, y compris une circulaire de la CBO émise en octobre 2024 visant à renforcer la résilience du secteur bancaire face aux risques liés au climat. De plus, Oman a introduit un cadre de financement durable plus tôt cette année et a émis de nouvelles réglementations concernant les sukuk et les obligations.
« Ces initiatives offrent une clarté réglementaire et pourraient soutenir un développement supplémentaire du marché des capitaux d’emprunt d’Oman, » a indiqué Fitch.
D’autre part, le secteur takaful (assurance islamique) à Oman a connu une croissance modeste en 2023, avec des primes directes brutes atteignant 76,8 millions de rials omanais, soit une augmentation de 0,8 % par rapport à l’année précédente. Les polices de takaful ont totalisé 316 933 à la fin de 2023, enregistrant une hausse de 24 % sur un an, les produits de takaful général représentant 89 % du total des polices, selon les calculs de Fitch.
Malgré ces avancées, Fitch a noté que le secteur de la finance islamique à Oman demeure l’un des plus petits du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et fait face à des défis, notamment un manque d’instruments de gestion de liquidité islamique et des bases de capital plus modestes comparées aux banques conventionnelles. Ces facteurs pourraient limiter la participation du secteur aux grands projets de financement gouvernementaux, selon l’agence.
« Néanmoins, le secteur a un potentiel de croissance à long terme, soutenu par les récentes réformes réglementaires et la population majoritairement musulmane d’Oman, » a ajouté Fitch.
Notre Opinion
Le développement du secteur de la finance islamique à Oman, favorisé par des réformes récentes, semble s’orienter vers une croissance durable. Le soutien réglementaire, notamment avec la protection des dépôts, pourrait contribuer à attirer davantage d’investissements. Cependant, il est essentiel de tenir compte des défis persistants que rencontrent les banques islamiques, tels que le besoin d’instruments de gestion de liquidité et de fonds plus importants. Il serait judicieux pour les acteurs du secteur de collaborer afin d’innover et de renforcer leur compétitivité face aux institutions conventionnelles.
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Rebecca Dubois est Responsable de la section Business et Finance / Elle est Chargée de coordonner les différentes sections de Sefarad et s’occuper également du programme International et des Actualités, de la Finance du Développement personnel et des sujets liés à l’entrepreneuriat