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Les petites et moyennes entreprises (PME) constituent l’épine dorsale de toute économie nationale, une observation particulièrement pertinente en Ouzbékistan. Ces PME représentent presque 50 % du PIB national et emploient près de 80 % de la main-d’œuvre, étant ainsi la principale source d’emplois dans un pays où le taux de chômage est élevé, autour de 7 %.

Plus de 60 % des emplois dans les PME sont situés en milieu rural, notamment dans des entreprises agricoles qui ne sont peut-être pas les premières à venir à l’esprit lorsqu’on parle de bénéficiaires typiques du financement de la chaîne d’approvisionnement.

Cependant, ces entreprises se heurtent à un cycle de trésorerie difficile, caractérisé par des retards de paiement. Elles subissent régulièrement des délais d’attente de 13 à 120 jours pour être paiées après avoir délivré des biens et services, une situation qui a poussé de nombreuses entreprises prometteuses au bord de l’effondrement financier. Contrairement à la sagesse conventionnelle, la majorité des faillites de PME ne proviennent pas de faiblesses fondamentales, mais de l’incapacité chronique à gérer les créances et à maintenir un flux de trésorerie constant.

Contributions des PME à la réduction de la pauvreté en Ouzbékistan

Source : Comité des statistiques de la République d’Ouzbékistan

Le programme de financement de la chaîne d’approvisionnement, innovant et inédit en Ouzbékistan, promet de surmonter ces obstacles. Ce programme est dirigé par la Société financière internationale (IFC) en collaboration avec la Banque centrale d’Ouzbékistan et est financé par le Secrétariat d’État à l’économie de la Suisse (SECO).

Le factoring

Lors de la récente conférence « Exploring Receivables and Payable Finance » à Tachkent, Ouzbékistan, Çağatay Baydar, président de FCI, a affirmé que « le factoring est le produit idéal pour les PME ». Sa capacité à servir de couverture de crédit robuste et de mécanisme de garantie le rend particulièrement pertinent. Baydar a comparé cette situation à celle de la Turquie, qui a connu une remarquable évolution depuis la première opération de factoring il y a 35 ans jusqu’à la création d’une industrie maintenant valued at between 30 and 40 billion dollars.

Neil McKain, directeur national de l’IFC en Ouzbékistan, a expliqué l’approche multifacette du programme. Il vise à introduire des instruments financiers modernes permettant aux institutions de proposer des financements avec un minimum de garanties, en s’appuyant sur les transactions commerciales des PME avec de plus grandes entreprises. Le factoring, dans sa forme la plus simple, permet aux entreprises de vendre leurs créances à un tiers à un tarif réduit ; un solution immédiate de flux de trésorerie qui peut transformer la situation des petites entreprises.

Le rôle de la technologie

L’infrastructure technologique qui sous-tend cette révolution financière est également essentielle. Le programme vise à créer une plateforme numérique sophistiquée qui transcende les services financiers traditionnels. Il ne s’agit pas seulement de transférer de l’argent, mais de créer un écosystème offrant une visibilité sans précédent, une automatisation et des capacités de gestion des risques pour les entreprises à travers l’Ouzbékistan.

Comme l’a expliqué Fevzi Tayfun Kucuk, consultant en technologie SCF à l’IFC, la technologie joue un rôle central dans cette transformation. La plateforme proposée offrira des fonctionnalités complètes, notamment une meilleure collaboration, l’automatisation des processus, une gestion des risques robuste et un suivi des transactions en temps réel. Elle instituera un écosystème transparent, réduisant ainsi les coûts opérationnels, atténuant les risques de fraude et offrant des éclairages inédits sur les flux financiers.

Crucialement, le programme prend en compte les défis uniques auxquels sont confrontées les PME, notamment en matière de littératie financière et numérique. La plateforme technologique est conçue pour être intuitive, avec des mécanismes d’auto-inscription qui diminuent les barrières à l’entrée et augmentent la confiance des propriétaires de petites entreprises. Elle répondra non seulement aux besoins financiers immédiats, mais s’alignera également sur les dynamiques culturelles locales, garantissant ainsi que la solution est véritablement adaptée au contexte ouzbek.

Le soutien international a été décisif pour réaliser cette vision ; en particulier, la contribution du SECO souligne la reconnaissance par la communauté internationale du potentiel d’innovation économique de l’Ouzbékistan. Le SECO a souligné la vulnérabilité de l’Ouzbékistan aux chocs externes et aux préoccupations en matière de sécurité, soulignant ainsi la nécessité de renforcer sa résilience en mettant en œuvre une gestion de programme sensible aux conflits (CSPM) et en intégrant une analyse de l’économie politique. L’Ouzbékistan se classe 33e sur l’indice de perception de la corruption (CPI) de Transparency International, un obstacle majeur pour l’investissement direct étranger, rendant le travail du SECO avec les services publics d’autant plus crucial.

En s’attaquant aux défis fondamentaux du flux de trésorerie, de l’accès au crédit et de l’intégration technologique, le pays esquisse une feuille de route pour l’autonomisation économique qui pourrait servir de modèle pour d’autres marchés émergents.

Le potentiel est immense : un secteur PME plus dynamique et financièrement résilient capable de stimuler la croissance économique, de créer des emplois et de contribuer à l’objectif plus large de l’Ouzbékistan, qui est d’atteindre le statut de pays à revenu intermédiaire supérieur d’ici 2030.

Notre Opinion

La situation des PME en Ouzbékistan met en lumière un enjeu crucial pour le développement économique d’un pays à fort potentiel. Il est encourageant de constater que des initiatives telles que le programme de financement de la chaîne d’approvisionnement sont mises en œuvre pour répondre à des problèmes structurels profonds. Cependant, il convient de rester vigilant quant à l’appropriation de ces innovations par les acteurs locaux, sans oublier l’importance d’un environnement réglementaire qui soutienne cette dynamique. Il sera essentiel d’évaluer les résultats de ces programmes dans le temps pour garantir une réelle transformation du paysage économique.



  • Source image(s) : www.tradefinanceglobal.com
  • Source : https://www.tradefinanceglobal.com/posts/uzbekistan-pioneers-supply-chain-finance-to-reinvigorate-small-business-ecosystem/

By Rebecca Dubois

Rebecca Dubois est Responsable de la section Business et Finance / Elle est Chargée de coordonner les différentes sections de Sefarad et s'occuper également du programme International et des Actualités, de la Finance du Développement personnel et des sujets liés à l'entrepreneuriat

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