- Bien que la guerre continue, l’Ukraine a continué d’acheminer du gaz russe vers les clients européens.
- Cependant, cet accord, qui remonte à l’époque de l’effondrement de l’Union soviétique, a maintenant pris fin.
- La Russie aurait gagné environ 5 milliards de dollars grâce aux transits en 2024, tandis que l’Ukraine en aurait reçu jusqu’à 1 milliard.
La Russie ne peut plus acheminer de gaz naturel vers l’Europe par les pipelines ukrainiens après l’expiration d’un accord de cinq ans, conclu avant le début de la guerre, mercredi dernier.
C’est la fin d’un arrangement de longue date qui a vu l’Ukraine jouer le rôle de conduit pour le gaz russe à destination de l’Ouest — un accord qui a perduré même lorsque la guerre à grande échelle a éclaté en 2022.
Les pays européens recevant ce gaz, tels que la Slovaquie et l’Autriche, payaient la Russie pour cette énergie. En décembre, Reuters a estimé que l’économie russe gagnerait environ 5 milliards de dollars rien qu’en 2024 grâce à cette conduite de gaz par l’Ukraine.
De son côté, l’agence de presse a également évalué que Kyiv aurait reçu entre 800 millions et 1 milliard de dollars cette année-là grâce à des frais de transit.
Cependant, l’Ukraine avait annoncé depuis plusieurs mois son intention de laisser l’accord expirer le 1er janvier 2025, et elle a maintenant tenu sa promesse.
“Lorsque Poutine a reçu la présidence russe il y a plus de 25 ans, le transit de gaz annuel par l’Ukraine vers l’Europe totalisait plus de 130 milliards de mètres cubes. Aujourd’hui, il est de 0,” a écrit le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy.
Le ministre ukrainien de l’Énergie, Herman Halushchenko, a précisé que l’accord de transit avait pris fin pour des raisons de sécurité nationale.
Le conglomérat énergétique russe Gazprom a confirmé mercredi que ses flux d’énergie à travers l’Ukraine avaient cessé, évoquant “le refus répétitif et explicite de la partie ukrainienne de prolonger ces accords.”
Cet accord ukraino-russe désormais caduc met en lumière la complexité de la guerre et ses conséquences politiques en Europe, les pays de l’Union européenne luttant pour réduire leur dépendance à l’énergie russe tout en fournissant des armes à l’Ukraine et en tentant de sanctionner Moscou.
Alors que des milliers de personnes perdaient la vie chaque semaine dans les combats acharnés de Louhansk, Donetsk, Kharkiv et Koursk, le gaz circulant à travers ces régions permettait à Kyiv et Moscou de profiter des biens et des installations de l’autre.
L’Ukraine a alimenté l’Europe en gaz russe depuis l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, et les clients énergétiques avaient d’abord exprimé leurs inquiétudes quant à leur capacité à trouver un approvisionnement alternatif à temps si l’accord venait à expirer.
Le Premier ministre slovaque, Robert Fico, a critiqué la décision de Kyiv dans un discours du Nouvel An, affirmant que la coupure du gaz russe bon marché vers l’Europe aurait un “impact drastique” sur les nations de l’UE mais ne nuirait pas à la Russie.
En revanche, l’Autriche a coupé ses liens avec Gazprom en décembre, accusant la Russie de faire du chantage à la société gazière autrichienne OMV en utilisant l’énergie comme moyen de pression concernant le soutien européen à l’Ukraine.
Perdre l’Autriche comme client a été un nouveau coup dur pour l’industrie gazière de Moscou alors que l’Europe se désengage de l’approvisionnement énergétique russe.
L’UE a déclaré en mars que le gaz russe représentait environ 8 % de ses importations en 2023, en baisse par rapport à 40 % en 2021.
Depuis le début de la guerre, les États-Unis et la Norvège ont émergé comme deux des plus grands gagnants parmi les fournisseurs de gaz naturel. L’UE a mentionné que les achats de gaz en provenance des États-Unis avaient triplé en 2023 par rapport à 2021, représentant près de 20 % des importations gazières de l’union.
Certaines nations du continent, comme la Hongrie, un État membre de l’UE sous l’égide d’un président entretenant des liens étroits avec Moscou, ont toujours accès au gaz russe par le pipeline TurkStream, qui traverse la mer Noire jusqu’aux Balkans.
La Moldavie, qui n’est pas membre de l’UE, et son territoire contrôlé par des séparatistes, la Transnistrie, devraient subir de fortes conséquences de l’arrêt de l’accord Ukraine-Russie, la plus grande centrale électrique du pays étant historiquement dépendante du gaz russe.
Notre Opinion
La cessation de cet accord de transit de gaz entre l’Ukraine et la Russie marque une étape significative dans les relations énergétiques en Europe, soulignant à quel point la guerre a bouleversé les dynamiques économiques et politiques. Alors que les pays européens tentent de diversifier leurs sources d’énergie, les conséquences pour les économies directement impactées, comme la Moldavie et certaines régions de l’Est, pourraient exacerber des crises existantes. Cette situation incite à réfléchir aux politiques énergétiques futures de l’UE et aux meilleures méthodes pour assurer la sécurité énergétique tout en équilibrant les enjeux géopolitiques actuels.
- Source image(s) : www.businessinsider.com
- Source : https://www.businessinsider.com/russia-lost-weirdest-wartime-income-streams-gas-pipeline-ukraine-deal-2025-1
Marine Martin, originaire de l’île Maurice, a débuté sa carrière comme conseillère bancaire avant de se faire un nom à New York. Passionnée par les marchés financiers internationaux, elle se spécialise dans les domaines de la banque, de la finance et du trading.