La violence en Palestine et la répression des voix dissidentes sur les campus universitaires américains : une situation alarmante
La situation en Palestine demeure tragique, avec des violations des droits humains qui se multiplient à Gaza et dans les territoires occupés. Parallèlement, le Liban s’est transformé en un nouveau champ de bataille, où des civils meurent chaque jour. Cette escalade de tensions provoque de nouvelles vagues de soutien aux Palestiniens, notamment sur les campus universitaires des États-Unis, où des manifestations appellent à un cessez-le-feu et à la fin de l’occupation israélienne.
Au printemps, les dirigeants universitaires avaient laissé entendre qu’ils ne souhaitaient pas dialoguer avec les militants de la solidarité palestinienne, choisissant plutôt d’inviter la police sur leurs campus pour disperser les protestations. Des étudiants ont fait face à des sanctions, des suspensions, voire à des poursuites criminelles pour avoir demandé à leurs institutions de mettre fin à leur complicité dans les crimes de guerre et l’occupation illégale israélienne.
Alors que les manifestations reprenaient en septembre, il est apparu que la position des dirigeants universitaires n’avait pas évolué pendant l’été. Plutôt que de réfléchir à leurs actions qui ont porté atteinte à leurs étudiants, la plupart semblaient se concentrer sur l’élaboration de nouvelles stratégies pour minimiser l’impact des manifestations.
Prenons l’exemple de l’Université Columbia à New York. Après la démission de sa présidente, Minouche Shafik, due à sa gestion controversée des camps de solidarité avec Gaza, l’université semble déterminée à restreindre davantage l’activité militante à l’approche de l’automne. L’accès au campus est désormais réservé à ceux munis de cartes d’identité universitaires, et des agents de sécurité privés ont été déployés à divers points d’entrée. Les espaces verts sont entourés de clôtures et les campements sont désormais interdits.
Les directives de protestation de l’université ont également été révisées, exigeant une notification préalable pour toute manifestation prévue et interdisant celles qui pourraient menacer "réellement" la liberté d’expression ou entraver les activités essentielles de l’institution.
Dans la même veine, le Barnard College, affilié à Columbia, a émis de nouvelles directives interdisant aux enseignants d’afficher des signes soutenant un point de vue géopolitique sur leurs portes de bureau. De plus, ceux qui souhaitent exprimer leur soutien devront également évoquer l’opinion opposée.
Malheureusement, cette volonté de réprimer la voix des protestataires s’est intensifiée, illustrée par l’arrestation de deux étudiants lors d’une démonstration sur le campus, visant à demander le désinvestissement de l’université des entreprises liées à Israël. En parallèle, d’autres spécialisées, comme l’Université de New York (NYU), ont mis en place des mesures similaires, qualifiant le terme "sioniste" de statuts protégés, compliquant ainsi le discours critique envers cette idéologie.
À travers le pays, le système de l’Université de Californie a imposé des politiques strictes contre les manifestations, et des actions disciplinaires ont été lancées contre des professeurs pour avoir soutenu des étudiants engagés dans les manifestations.
Les nouvelles règles mises en place par des institutions telles que Yale et l’Université de Pennsylvanie montrent une tendance alarmante à la répression de la liberté d’expression sur les campus.
En fin de compte, il est évident que ces politiques ne résultent pas simplement d’une philosophie éducative, mais constituent également une réaction à des pressions externes provenant d’anciens élèves riches et de législateurs, déterminés à faire taire les voix pro-palestiniennes.
Ces décisions illustrent un leadership universitaire qui semble plus préoccupé par des questions de gestion et de financement que par son rôle en tant qu’agent de changement social. Alors que le nombre de victimes palestiniennes continue d’augmenter, et que les institutions doivent se questionner sur leur rôle moral, la communauté universitaire est appelée à soutenir la justice et à défendre les droits de l’homme. Le véritable défi consiste à concilier l’enseignement supérieur avec des valeurs éthiques, ce qui est de plus en plus difficile dans le climat actuel.
Notre Opinion
Face à la montée des tensions géopolitiques et à la répression croissante sur les campus, il est crucial que les institutions académiques réévaluent leur rôle. En effet, ces établissements ne doivent pas seulement être des lieux d’éducation, mais également des bastions de la liberté d’expression et d’engagement civique. L’ignorer serait non seulement un manquement à leurs valeurs fondamentales, mais aussi une défection face à l’Histoire. Les dirigeants universitaires doivent prendre la mesure de leur responsabilité sociale et s’opposer fermement aux idées qui visent à réduire au silence ceux qui cherchent la justice pour tous.
- Source image(s) : www.aljazeera.com
- Source : https://www.aljazeera.com/opinions/2024/10/16/genocide-rages-on-but-its-business-as-usual-at-the-neoliberal-university
Marine Martin, originaire de l’île Maurice, a débuté sa carrière comme conseillère bancaire avant de se faire un nom à New York. Passionnée par les marchés financiers internationaux, elle se spécialise dans les domaines de la banque, de la finance et du trading.