Le projet du gouvernement fédéral visant à suspendre temporairement la collecte de la taxe sur les produits et services (TPS) sur certains produits de consommation suscite de vives préoccupations parmi les petits entrepreneurs canadiens à l’approche des fêtes de fin d’année.
Cette exonération fiscale, qui a été adoptée par la Chambre des communes jeudi dernier, est prévue pour entrer en vigueur le 14 décembre 2024 et se terminer le 15 février 2025.
Elle s’appliquera à de nombreux articles, notamment certains aliments, boissons alcoolisées, repas au restaurant, collations, vêtements et jouets pour enfants, sièges auto, livres, journaux imprimés, puzzles et sapins de Noël.
Cependant, des propriétaires de petites entreprises interrogés par le média Global News décrivent ce plan comme un « cauchemar informatique ».
« Nous sommes sur le point d’entrer dans une période de forte activité. Nous constatons un grand pic de ventes au détail. Nous sommes donc très occupés », déclare Yousef Traya, propriétaire de Bridgeland Market.
« Maintenant, nous devons nous adapter et déterminer comment gérer ce nouveau mandat sur la TPS. C’est super. Nous voulons que les gens fassent des économies. C’est génial. Mais en coulisses, pour une petite entreprise comme la nôtre, le montant que nous devrons débourser pour mettre cela en place est exorbitant », poursuit Traya, ajoutant que, malgré les bonnes intentions du plan, cela lui coûtera plusieurs milliers de dollars à mettre en œuvre, surtout avec un si court préavis.
« C’est très chronophage. Cela implique beaucoup de comptabilité en interne et de déterminer quels produits sont concernés par la TPS et lesquels ne le sont pas. C’est un gros souci. »
Gordon Johansen, propriétaire d’un magasin de jeux nommé The Sentry Box, estime que pour certaines entreprises « ce sera un véritable enfer ».
Il ajoute que cette situation ne représente pas seulement un cauchemar en matière de comptabilité, mais il s’attend également à d’énormes files d’attente à la caisse pendant que les détaillants essaient de déterminer quels produits sont concernés et lesquels ne le sont pas.
Johansen précise qu’il et d’autres détaillants ont tenté sans succès d’obtenir des réponses de l’Agence du revenu du Canada (ARC) qui « ne peut rien nous dire ».
Johansen a donc élaboré son propre plan. Si l’exonération fiscale se concrétise, il a décidé que « tant pis. Nous avons 85 000 articles en stock. Nous allons appliquer un taux de TPS de zéro pour cent », ajoute-t-il.
« Le personnel est très heureux que nous ayons mis cela en place, car nous pouvons le faire avec notre système informatique. Mais beaucoup d’endroits ne peuvent pas gérer cela », précise Johansen.
La Fédération canadienne des entreprises indépendantes signale qu’une enquête récente a montré que la majorité des petites entreprises s’opposent au projet de congé de TPS/TVH, ce chiffre atteignant 62 % parmi celles qui doivent l’appliquer.
La CFIB exhorte le gouvernement fédéral à accorder aux petites entreprises concernées un crédit d’au moins 1000 dollars sur leurs comptes de TPS/TVH pour couvrir les coûts liés à la mise en œuvre de cette exonération fiscale.
Tom Keenan, professeur à l’Université de Calgary, a déclaré que le congé de TPS « pourrait être soit très simple, soit vraiment très compliqué pour une entreprise ».
« Si vous utilisez Shopify, ils s’occuperont de tout. Ils intégreront tous les codes et géreront tout cela », ajoute-t-il.
Mais « si votre cousin a construit votre système informatique, il va falloir que vous fassiez appel à lui pour de nombreux changements car chaque produit doit être identifié pour voir s’il est inclus ou non », a-t-il précisé.
Les Libéraux canadiens affirment que ce « congé de TPS » offrira un soulagement aux familles qui peinent à joindre les deux extrêmes et intervient à un moment où l’inflation est également en baisse.
Il est estimé qu’une personne dépensant 2000 dollars pour ces articles durant la période de deux mois pourra économiser entre 100 et 260 dollars.
Cependant, Keenan souligne que « ce n’était vraiment pas une pensée bien réfléchie, car non seulement vous devez modifier votre système de point de vente, mais qu’en est-il de votre site web ? Qu’en est-il de la formation de vos employés ? Les gens vont consulter leur comptable fiscal, et ces professionnels ne sont pas bon marché. »
Notre Opinion
Le projet du gouvernement fédéral d’instaurer un congé temporaire sur la TPS soulève des préoccupations légitimes, notamment pour les petites entreprises qui se préparent pour les périodes de forte consommation. Il serait peut-être plus judicieux de consulter davantage les acteurs du secteur afin de réduire les complications logistiques liées à sa mise en œuvre. Une approche collaborative pourrait permettre de trouver un équilibre entre le soutien aux consommateurs et la viabilité des petites entreprises, essentielles au tissu économique du pays.
- Source image(s) : globalnews.ca
- Source : https://globalnews.ca/news/10893255/gst-holiday-will-be-a-nightmare-say-small-business-owners/
Marine Martin, originaire de l’île Maurice, a débuté sa carrière comme conseillère bancaire avant de se faire un nom à New York. Passionnée par les marchés financiers internationaux, elle se spécialise dans les domaines de la banque, de la finance et du trading.