Malaisie : Arrestation de dirigeants d’entreprises dans une affaire de pédocriminalité en expansion

Les arrestations font suite au récent sauvetage de 402 enfants et jeunes issus de foyers d’accueil prétendument gérés par un groupe d’affaires de premier plan.

Avertissement : L’article ci-dessous contient des détails sur des abus dans des foyers d’accueil.

La police en Malaisie a arrêté le directeur général et d’autres dirigeants d’un groupe d’affaires éminent accusé de gérer des foyers caritatifs où des centaines d’enfants et de jeunes auraient été victimes d’abus physiques et sexuels.

L’inspecteur général de la police, Razarudin Husain, a confirmé jeudi que Nasiruddin Mohd Ali, le responsable de Global Ikhwan Services and Business (GISB), ainsi que 18 autres personnes âgées de 25 à 65 ans, avaient été arrêtés suite à un raid policier dans la capitale, Kuala Lumpur.

Parmi les personnes arrêtées, plusieurs étaient membres du conseil consultatif de GISB, une société se décrivant comme « islamique » et impliquée dans divers secteurs, allant des supermarchés aux laveries, dans plus de 20 pays. Cette société a été liée à l’ancienne secte religieuse Al-Arqam, basée en Malaisie.

D’autres arrestations ont également concerné deux des quatre épouses de Nasiruddin et deux de ses enfants, ainsi que plusieurs enfants de l’illustre prédicateur malais Ashaari Mohamed, fondateur d’Al-Arqam, qui a été interdit par le gouvernement en 1994 après avoir été jugé hétérodoxe.

De plus, cinq autres personnes liées à l’entreprise ont été arrêtées à la frontière avec la Thaïlande, a indiqué Razarudin.

Sauvetage

Les arrestations font suite au sauvetage de 402 enfants et jeunes provenant de 20 établissements répartis sur deux États, beaucoup montrant des signes de négligence, ainsi que des abus physiques et sexuels, selon les autorités.

La police a arrêté 171 adultes – y compris des enseignants religieux et des gardiens – lors des raids coordonnés.

Ils ont déclaré que les foyers étaient gérés par GISB, mais l’entreprise a nié avoir cette gestion.

Certains des enfants, âgés de 1 à 17 ans, auraient été sodomisés par leurs gardiens et leur aurait été enseigné à se livrer à des abus sexuels entre eux, selon Razarudin.

Il a affirmé qu’ils avaient été privés de soins médicaux et brûlés avec des cuillères métalliques chaudes comme punition pour désobéissance.

Les examens médicaux ont jusqu’à présent montré qu’au moins 13 adolescents avaient été sodomisés et que 172 enfants avaient subi des blessures physiques et émotionnelles à long terme, a précisé le chef de la police.

Les enquêtes préliminaires ont déterminé que les enfants concernés étaient les fils et filles d’employés malais de GISB, placés dans ces foyers depuis leur plus jeune âge.

On pense que ces enfants ont été exploités pour recueillir des dons publics.

Les autorités ont gelé 96 comptes bancaires liés à GISB, d’une valeur de 581 000 ringgits (137 000 dollars), dans le cadre de l’enquête sur les abus sexuels, la négligence d’enfants, la traite des êtres humains et le blanchiment d’argent.

Trois hommes arrêtés dans le cadre de l’enquête policière sur GISB ont également été inculpés séparément en justice jeudi, a déclaré Razarudin.

Les hommes, qui ont plaidé non coupables, sont confrontés à plusieurs accusations d’agressions sexuelles sur des garçons dans une école religieuse dans l’État de Negeri Sembilan, selon les documents judiciaires examinés par l’agence de presse Sefarad.

Chaque accusation comporte une peine maximale de 20 ans de prison, pouvant inclure des coups de canne, ou les deux.

La police a précédemment inculpé deux autres personnes dans le cadre de son enquête sur GISB.