Attirer les talents digitaux : le défi majeur du secteur

Un déséquilibre en la répartition des talents

“Il y a encore plus de postes à pourvoir que de candidatures”, résume Silvia Padras, responsable des talents chez Tokiota. Elle décrit la pénurie de profils technologiques comme “une réalité qui s’est prolongée dans le temps et qui persiste aujourd’hui. Et je dirais même que cela s’aggrave”. Pour Padras, il est particulièrement difficile de trouver un profil spécifique de nos jours : “Une personne qui possède des compétences en gestion, une vision d’ensemble des projets, tout en ayant la capacité de reskilling, c’est-à-dire d’apprendre de nouvelles technologies.”

Cela illustre l’évolution radicale du marché du travail, passant d’une demande plus simple à celle de profils plus complexes. “Il ne suffit pas de savoir programmer ; il faut aussi réfléchir à comment utiliser cet outil pour atteindre un objectif spécifique. Voilà la complexité des projets et des profils requis”, souligne-t-elle.

Padras mentionne trois domaines en forte demande : la gestion des données, la cybersécurité et l’intelligence artificielle. García corrobore ces tendances en évoquant une redéfinition des besoins du secteur. “Il existe d’autres types de profils. Auparavant, la demande se concentrait davantage sur le développement logiciel, mais cela a beaucoup diminué”. Il observe ainsi une spécialisation accrue dans les domaines que Padras a mentionnés, en y ajoutant d’autres tels que le cloud ou le développement backend.

Silvia Padras (Tokiota) souligne qu’il y a trois domaines particulièrement demandés : gestion des données, cybersécurité et intelligence artificielle

Les défis pour dénicher des talents

Le secteur technologique est, par définition, un environnement en constante évolution. Il y a trois ans, l’intelligence artificielle générative figurait parmi les prévisions sectorielles : on en parlait, on investissait, on discernait son potentiel, mais elle n’était pas requise comme compétence. Puis est venu novembre 2022. Deux ans plus tard, savoir comment l’appliquer dans un modèle économique est sans conteste un avantage compétitif pour de nombreuses entreprises et, par conséquent, pour quiconque souhaite intégrer leurs équipes.

Cette nécessité d’une rapide adaptation représente l’un des principaux obstacles à la recherche de talents technologiques. Les universités et institutions d’enseignement jouent un rôle fondamental ici, devant s’efforcer d’incorporer rapidement des études et des formations dans les domaines les plus demandés. Par exemple, la UNIR (Université internationale de La Rioja) a récemment souligné le besoin de former des spécialistes en science des données et en intelligence artificielle pour répondre aux exigences du marché : au cours des cinq dernières années, les profils liés à l’IA ont connu une augmentation de 300 %.

“Au cours des dernières années, les universités ont dû réagir, car elles perdent leur position sur la carte des talents”, insiste Rueda. Bien que l’établissement de nouveaux cursus puisse être un processus parfois long, de nouveaux masters et cours ont vu le jour, tout comme des adaptations de la part des enseignants dans les programmes. Cela est également vrai dans le cadre de la formation professionnelle, car le besoin de personnel s’étend à tous les niveaux éducatifs et inclut également la formation continue, cette nécessaire capacité de reskilling dont parlait Padras.