Internet dépasse le simple cadre du divertissement ; il représente un véritable univers d’opportunités à tous les niveaux, allant des relations sociales à l’éducation, en passant par la communication et le développement des affaires. De ce fait, il est devenu crucial pour favoriser la transformation numérique et productive des individus, chacun ayant des droits et des responsabilités liés à la citoyenneté numérique.
Selon la Banque mondiale, depuis 2020, l’accès à Internet est de plus en plus considéré comme un droit fondamental, surtout dans le contexte de la pandémie de Covid-19, qui a mis en lumière l’importance de la connectivité pour l’éducation, le travail et l’accès aux services essentiels.
En Amérique Latine et dans les Caraïbes, la pandémie a accéléré le processus de digitalisation, même si des défis importants persistent quant à l’exploitation complète de ce potentiel en matière de croissance, d’inclusion et de services.
La crise sanitaire a entraîné en Colombie et dans le monde une augmentation notable de l’accès à Internet. À la fin de 2019, environ 7 millions de connexions fixes étaient comptabilisées ; d’ici fin 2024, la couverture nationale de l’Internet mobile devrait atteindre 93 %, avec plus de 85 millions de lignes actives. Bien que, selon les données du secteur TIC, 49,7 % des ménages colombiens soient encore non connectés, une nette amélioration de la qualité de la connectivité a été observée.
La Fondation Karisma rappelle que : “Bien que la Colombie fasse face à des défis pour garantir l’accès à Internet pour tous, ce moyen est devenu un outil essentiel pour le développement d’activités variées et l’exercice de droits fondamentaux tels que la liberté d’expression et l’accès à la connaissance”. En outre, il est reconnu que chaque individu a droit à la protection de sa vie privée ainsi qu’à l’autodétermination informationnelle, ou habeas data.
Cadre légal autour des droits numériques
Les droits et obligations numériques sont encadrés à l’échelle internationale par des entités telles que l’ONU, qui plaide pour l’accès à Internet en tant que droit humain, et l’UIT qui établit des normes de connectivité. La CIDH, quant à elle, protège les droits humains dans l’environnement numérique en Amérique Latine, tandis que l’IGF promeut le dialogue sur les politiques numériques.
Au niveau national, le MinTIC est l’entité chargée de réguler la connectivité et l’inclusion numérique. La SIC supervise la protection des données, la Police Nationale lutte contre la cybercriminalité, et la Cour Constitutionnelle interprète les droits numériques, en s’appuyant sur des lois clés telles que la Loi 1581 de 2012 (protection des données), la Loi 527 de 1999 (commerce électronique), la Loi 1928 de 2018 (neutralité du net) et le Décret 1008 de 2018 (cybersécurité).
Cependant, le cadre légal colombien relatif aux environnements numériques est en constante évolution afin de s’adapter à l’avancement rapide des technologies.
En effet, certaines initiatives législatives actuellement en cours incluent la proposition de Loi sur la santé mentale qui aborde la régulation des contenus numériques, le Projet de Loi sur les Données, et la création d’une Commission Bicamérale destinée à établir un cadre légal relatif à l’intelligence artificielle en Colombie.
Il est crucial, en termes de droits numériques, de garder à l’esprit le cadre légal de chaque pays, car les droits et obligations varient en fonction du contexte. Une référence internationale est la ‘Guide de sensibilisation à la coexistence numérique de l’Unicef’, qui souligne certains droits découlant des droits de l’homme fondamentaux dans les environnements numériques.
Droits numériques
Droit d’accès à la technologie et réduction de la fracture numérique
Sans discrimination fondée sur le sexe, l’âge, les ressources économiques, la nationalité, l’ethnie, le lieu de résidence, etc. Ce droit d’accès technologique doit être particulièrement appliqué aux enfants et aux jeunes en situation de handicap.
Droit à la libre expression et à l’association dans le monde numérique
Droit de rechercher, de recevoir et de diffuser des informations et des idées de toute nature via Internet. Ces droits ne peuvent être limités que pour garantir la protection des enfants contre des informations et des contenus nuisibles à leur bien-être, développement et intégrité. Ils peuvent également être restreints pour assurer la conformité aux lois, la sécurité, les droits et la réputation d’autres personnes.
Droit à la protection contre l’exploitation
Le commerce illégal, les abus et toutes formes de violence, tout comme dans la vie réelle, lorsqu’ils sont perpétrés par le biais d’Internet. Les enfants ont le droit d’utiliser Internet pour se protéger contre ces abus, pour faire connaître et défendre leurs droits.
Droit au développement personnel et à l’éducation
Et à toutes les opportunités que les nouvelles technologies, comme Internet, peuvent offrir pour améliorer leur formation. Les contenus éducatifs destinés aux enfants doivent être adaptés et promouvoir leur bien-être, développer leurs compétences, inculquer le respect des droits de l’homme et de l’environnement, et les préparer à être des citoyens responsables dans une société libre.
Droit à l’intimité des communications électroniques.
Toute personne a le droit de ne pas divulguer d’informations personnelles sur le réseau et de protéger son identité ainsi que son image de toute utilisation illégale.
Droit à la récréation, aux loisirs, à l’amusement et au jeu
Ainsi que via Internet et d’autres nouvelles technologies. Ce droit implique que les jeux et autres offres de divertissement sur Internet ne doivent contenir ni violence gratuite, ni messages racistes, sexistes ou dégradants, et doivent respecter les droits et l’image des enfants et d’autrui.
Les parents ont le droit et la responsabilité d’orienter, d’éduquer et de convenir avec leurs enfants d’un usage responsable d’Internet
Ils doivent établir des temps d’utilisation, des sites à éviter, ou des informations à ne pas divulguer pour protéger leurs enfants de messages et situations dangereuses. Pour ce faire, les parents doivent également se former à l’utilisation d’Internet et s’informer des contenus pour prendre des décisions éclairées.
Devoirs numériques
Les citoyens doivent adopter des mesures de sécurité lors de l’utilisation d’Internet et des nouvelles technologies. Cela concerne aussi bien les particuliers que les entreprises.
En 2017, María Mercedes Serrano Pérez et Celia Fernández Aller ont souligné dans Droits et obligations des citoyens dans le contexte numérique que l’un des devoirs les plus évidents est celui de protéger les données et la vie privée des individus, ainsi que de respecter les lois sur la propriété intellectuelle.
D’un autre côté, en ce qui concerne les devoirs des citoyens, plusieurs dimensions sont à considérer.
Cependant, le devoir principal d’un citoyen est ancré dans sa Constitution, qui lui impose de respecter les droits des autres et de ne pas abuser des siens. Étant donné que nous évoluons dans un monde unique, avec des contextes physiques et numériques, tant les droits que les devoirs s’adaptent à chaque situation. Ce qui se passe dans le numérique est tout aussi réel que dans le monde physique : une agression verbale ou physique trouve son équivalent dans une agression via une vidéo, un tweet ou un message sur n’importe quelle plateforme, déclenchant ainsi des mécanismes judiciaires dont les conséquences sont véritables.
Et bien qu’il semble évident, chaque citoyen utilisant Internet a le devoir de respecter les règles de chaque environnement. Chaque service ou plateforme affiche des politiques claires – bien que la plupart des utilisateurs ne les lisent pas –. Cliquer sur ‘j’accepte’ engendre des obligations, d’où l’importance de lire, de se former et de se renseigner, ce qui pourrait constituer l’un des devoirs primordiaux des citoyens, en tant que co-créateurs de sociétés.
En 2016, la Fondation Karisma, l’Association pour le progrès des communications, Open Society et l’ONG Derechos Digitales ont mené l’étude ‘Examinant les droits et libertés sur Internet en Amérique Latine’ (Exlila). Cette recherche a évalué l’état des lois qui impactent positivement ou négativement la protection des droits fondamentaux sur Internet, en Colombie et dans la région.
Le résumé exécutif indique que la législation et la jurisprudence applicables à Internet manquent souvent de systématique, ce qui entrave le maintien de la liberté et de l’ouverture du réseau. “Les cas problématiques montrent qu’il reste encore un long chemin à parcourir pour appliquer les lois existantes aux réalités rencontrées en ligne”, précise le document.
Les gouvernements des pays développés doivent s’engager à collaborer avec d’autres nations pour assurer un accès facilité à Internet et aux technologies de l’information, notamment pour les enfants.
Cette coopération est essentielle afin de promouvoir leur développement tout en évitant la création d’une nouvelle barrière entre les pays riches et pauvres.
D’autres droits sont également défendus à l’échelle mondiale, tels que le droit à la neutralité du Net, le droit à l’oubli sur Internet et les réseaux sociaux, ou encore le droit à la déconnexion.
En Colombie, le programme de Citoyenneté Numérique, soutenu par le ministère des TIC, s’est donné pour mission de former les Colombiens dans ce domaine. Voici quelques éléments essentiels à connaître concernant les droits et devoirs des citoyens numériques :
- Peu importe si les citoyens partagent ou non les opinions publiées sur des plateformes numériques, il leur incombe d’agir avec respect, éthique et d’éviter des langages offensants ou discriminatoires.
- Lors de la publication d’un commentaire sur n’importe quelle plateforme numérique, on exerce son droit à la libre expression.
- Il n’est pas nécessaire de fournir des données personnelles sur une plateforme, car cela violerait le droit à la vie privée.
- Les États doivent constituer des alliances pour prévenir le risque d’exclusion numérique.
- En matière de droits d’auteur, il existe non seulement le modèle traditionnel copyright, mais aussi les licences Creative Commons, qui permettent aux auteurs de décider de la manière dont leurs œuvres peuvent être partagées. De plus, l’intelligence artificielle suscite de nouveaux débats sur la propriété intellectuelle.
En outre, les organisations mentionnées soulignent les devoirs numériques suivants :
- Utilisation responsable de l’information : respecter la propriété intellectuelle et éviter le plagiat ou la propagation de fausses informations.
- Respect des droits d’autrui : s’abstenir de participer à des activités qui portent atteinte aux droits numériques d’autres utilisateurs, telles que le cyberharcèlement ou le piratage.
- Protection de sa propre sécurité et celle des autres : utiliser des mots de passe sûrs, éviter de partager des informations sensibles et signaler les contenus inappropriés ou illégaux.
- Respect de la législation en vigueur : se conformer aux lois relatives à la vie privée, à la sécurité informatique et au commerce en ligne.
Être un citoyen numérique responsable implique non seulement de connaître et d’exercer ses droits, mais aussi de s’acquitter de ses devoirs dans les environnements numériques. Que ce soit en protégeant sa vie privée, en respectant les règles de chaque plateforme, ou en favorisant une utilisation éthique de la technologie, chaque action contribue à construire un environnement numérique plus sûr et plus accessible pour tous.
Pour en savoir plus sur la citoyenneté numérique, nous vous invitons à consulter le programme Soy Digital.
Mon opinion
Il est essentiel d’insister sur le fait qu’Internet, en tant que plateforme incontournable dans nos vies, soulève des enjeux cruciaux liés aux droits et devoirs numériques. La distinction entre les deux est souvent floue, mais elle est fondamentale pour préserver un espace en ligne sain et respectueux. En tant que citoyen numérique, il est de notre responsabilité non seulement de défendre nos droits, mais aussi de respecter ceux des autres. Cette dualité mérite d’être enseignée et approuvée, car elle pourrait former des utilisateurs d’Internet plus conscients, engagés et responsables. L’éducation sur ces questions ne doit pas se limiter aux jeunes générations ; elle doit également toucher les adultes pour garantir un cadre numérique inclusif et respectueux dans l’ensemble.
- Source image(s) : impactotic.co
- Source : https://impactotic.co/resource-center/soy-digital/deberes-y-derechos-de-un-ciudadano-digital/
Marine Martin, originaire de l’île Maurice, a débuté sa carrière comme conseillère bancaire avant de se faire un nom à New York. Passionnée par les marchés financiers internationaux, elle se spécialise dans les domaines de la banque, de la finance et du trading.