La récente décision de la Cour nationale espagnole a mis en lumière les limites de la transformation numérique au sein des entreprises. Dans cette affaire, le tribunal a jugé que la société Majorel, qui compte environ 4 500 employés, ne pouvait restreindre les interactions avec son service des ressources humaines (RH) à une seule plateforme digitale, HRCase, en désactivant d’autres moyens de communication tels que l’e-mail et les rendez-vous en personne.
Le conflit a émergé le 17 juin 2024, lorsque Majorel a annoncé que toutes les demandes de congés, justificatifs d’absence, et autres formalités devaient désormais passer uniquement par HRCase. Si cette plateforme était déjà connue pour la gestion des paies, son utilisation exclusive pour d’autres formalités a soulevé des inquiétudes.
La société a justifié cette initiative comme étant une étape vers la digitalisation du service RH. Cependant, la Cour a constaté que l’imposition de ce système sans alternatives constituait une entrave injustifiée aux moyens dont disposent les employés pour formuler leurs demandes. Le tribunal a également noté que la complexité de la nouvelle plateforme contredisait les affirmations de l’entreprise, car elle exigeait des employés des compétences spécifiques qui relevaient de la responsabilité du département RH.
De plus, la mise en place de cet outil numérique a entraîné des retards significatifs dans le traitement des demandes, avec des délais de réponse variant entre 14 et 17 jours. Cela pose problème, surtout pour les demandes nécessitant une attention immédiate, comme celles relatives à la conciliation.
Pour ces raisons, le tribunal a ordonné la réinstauration des canaux de communication alternatifs, y compris les e-mails et les rencontres en face à face. À défaut, cela constituerait un obstacle pour les employés dans l’exercice de leurs droits.
Une digitalisation à encadrer
La Cour reconnaît que l’employeur a le droit d’adapter les méthodes de communication en intégrant les nouvelles technologies. Cependant, elle insiste sur le fait que cela ne doit pas conduire à la suppression unilatérale des voies de contact avec le service RH. Ainsi, les magistrats concluent que la digitalisation des ressources humaines ne justifie pas l’exclusion des moyens de communication traditionnels.
Ce jugement souligne que rendre obligatoire une plateforme numérique comme unique moyen de communication limite les choix des employés quant à la gestion de leurs démarches professionnelles et à l’exercice de leurs droits.
Mon opinion
En tant qu’observateur des dernières tendances en matière de ressources humaines, je trouve que ce jugement illustre bien la nécessité d’un équilibre entre innovation technologique et accessibilité des services. L’instauration d’outils numériques peut améliorer l’efficacité, mais cela ne doit pas se faire au détriment de la capacité des employés à dialoguer facilement avec leur entreprise. La diversité des canaux de communication est cruciale pour garantir que tous les employés, peu importe leur niveau de compétence numérique, puissent faire valoir leurs droits et bénéficier d’un soutien adéquat dans leurs démarches administratives.
- Source image(s) : cincodias.elpais.com
- Source : https://cincodias.elpais.com/legal/2025-01-10/la-empresa-no-puede-imponer-la-via-digital-para-las-consultas-de-sus-trabajadores.html
Marine Martin, originaire de l’île Maurice, a débuté sa carrière comme conseillère bancaire avant de se faire un nom à New York. Passionnée par les marchés financiers internationaux, elle se spécialise dans les domaines de la banque, de la finance et du trading.