Les temps modernes ont profondément changé la manière dont les enfants et les adolescents interagissent avec leur environnement. Cela ne fait aucun doute. Il suffit d’observer leur présence sur les réseaux sociaux ou leur utilisation précoce des dispositifs technologiques. La technologie est devenue un élément essentiel de leur vie, que ce soit pour communiquer ou apprendre. Cependant, cette omniprésence s’accompagne de défis qui ne sont pas toujours abordés de manière équilibrée.
“Le temps passé devant les écrans est un sujet souvent débattu, mais généralement de manière très polarisée, comme si regarder un écran était systématiquement nuisible… ce n’est pas toujours le cas,” explique Christa Prusskij, éducatrice et vice-directrice exécutive de la Société finlandaise de l’éducation aux médias, une ONG dédiée au bien-être numérique.
Pour elle, les activités comme les jeux vidéo peuvent, pour les jeunes, aller au-delà du simple divertissement. Elles représentent une forme de lien social où “ils font partie d’une communauté, échangent avec leurs amis et partagent des émotions, qu’elles soient joyeuses ou tristes”.
Tout au long de sa carrière, Prusskij a œuvré sur des projets éducatifs liés aux droits de l’homme et au développement global, en tant que responsable de formation pour l’ONU Finlande. Elle cherche principalement à fournir des outils pratiques pour contrer l’impact négatif des fake news, une problématique cruciale à l’heure actuelle, où l’information circule en quelques secondes en ligne.
Elle met cependant en garde contre une vision simpliste qui qualifie le temps d’écran de négatif sans tenir compte des contextes. “On parle souvent de manière très manichéenne”, précise-t-elle. Cette perspective peut obscurcir l’analyse de la façon dont les jeunes utilisent réellement la technologie et quels sont les vrais risques auxquels ils sont confrontés.
Pour mieux aborder les défis contemporains, il est impératif de comprendre le fonctionnement des technologies ainsi que la psychologie humaine. “Il faut comprendre comment fonctionnent les médias et les réseaux sociaux… Mais aussi comment fonctionne l’esprit humain, pourquoi les gens agissent de telle ou telle manière sur ces plateformes,” explique Prusskij. Cette compréhension serait essentielle pour doter les jeunes des compétences nécessaires pour naviguer dans le paysage numérique.
Une des stratégies qu’elle préconise est le “pensée lente”. “Il est crucial de comprendre que simplement recevoir des informations et les diffuser n’est pas toujours la meilleure solution, parfois il faut faire une pause et réfléchir,” souligne-t-elle. Cette approche pourrait inciter les jeunes à vérifier l’information avant de la partager, promouvant ainsi une attitude plus critique et responsable dans leur interaction avec le contenu en ligne.
Elle admet également que les réseaux sociaux ne sont pas intrinsèquement nuisibles. “Utiliser les réseaux sociaux peut être problématique si c’est votre unique activité,” affirme-t-elle. “Être coupé de connexions en face-à-face, manquer de sommeil ou de faire de l’exercice, évidemment, n’est pas bénéfique,” avertit Prusskij, soulignant que l’équilibre entre le monde numérique et le monde réel est essentiel pour le bien-être des plus jeunes.
L’éducation numérique ne peut être la seule responsabilité d’une entité et nécessite un effort coordonné des parents, des institutions éducatives et des gouvernements. “Les écoles ne peuvent pas résoudre ce problème toutes seules, et les parents non plus… Ils doivent être conscients des enjeux,” explique-t-elle. Une telle collaboration favoriserait un environnement propice au développement sain des enfants dans l’espace numérique.
L’éducation numérique dans les programmes scolaires est cruciale et il est clair que des efforts restent à faire dans ce domaine. “Si cela n’est pas dans le curriculum, cela ne sera pas enseigné, cela doit donc apparaître dans les documents politiques pour être reconnu, et les enseignants doivent être formés,” insiste-t-elle, ajoutant : “Ils ne peuvent pas enseigner cela s’ils ne savent pas comment s’y prendre.” Sans inclusion formelle dans le système éducatif et avec des enseignants qui n’ont pas les outils adéquats, il est difficile de traiter les problèmes numériques.
En Finlande, indique Prusskij, des initiatives encouragent cette coopération entre les parents et l’école. “Il existe des soirées pour les parents que certaines écoles organisent où des intervenants abordent, par exemple, les téléphones portables ou les discours de haine en ligne,” confie-t-elle. Ces sessions permettent à la communauté éducative d’aborder ensemble les problèmes et de trouver des solutions adaptées aux besoins des élèves.
Au-delà des questions qui retiennent l’attention du public, telles que le cyberharcèlement et la désinformation, Prusskij appelle à considérer l’impact environnemental de notre dépendance à la technologie. “Nous possédons tous des téléphones mobiles, des ordinateurs, et une multitude de dispositifs numériques, ce qui a un impact énorme sur notre environnement,” prévient-elle. Cet aspect, souvent négligé, mérite d’être intégré au débat sur l’utilisation responsable de la technologie.
La durabilité numérique est un sujet émergent qui mérite l’attention. “À l’avenir, ce sujet sera davantage discuté, ou du moins je l’espère,” déclare-t-elle avec une certaine perplexité. Prendre conscience de la manière dont nos choix numériques affectent la planète est un pas important vers une utilisation plus consciente, assure-t-elle.
De plus, elle souligne l’importance d’utiliser les plateformes numériques à bon escient. “Il est essentiel d’adopter les médias, de les utiliser pour des fins bénéfiques et d’apprendre à le faire,” conclut-elle. Il ne s’agit pas seulement de se protéger des aspects négatifs, mais aussi de tirer parti de ces outils pour améliorer la vie des utilisateurs.
Mon opinion
Je pense que la réflexion sur l’usage des technologies par les jeunes ne doit pas se limiter à une approche unidimensionnelle. La manière dont ces outils sont intégrés dans leur vie quotidienne peut avoir des effets à la fois positifs et négatifs. La perspective de Christa Prusskij sur la nécessité d’une compréhension approfondie du fonctionnement des médias et des réseaux sociaux est essentielle. En effet, une éducation numérique complète devrait inclure une analyse critique et une sensibilisation aux implications environnementales de notre engagement technologique. Dans un monde en rapide évolution, il est fondamental de promouvoir chez les jeunes une capacité à naviguer de manière réfléchie dans le paysage numérique tout en leur fournissant les outils nécessaires pour le faire efficacement et de manière responsable.
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Marine Martin, originaire de l’île Maurice, a débuté sa carrière comme conseillère bancaire avant de se faire un nom à New York. Passionnée par les marchés financiers internationaux, elle se spécialise dans les domaines de la banque, de la finance et du trading.