À nouveau devant le miroir, une fois de plus, un jour de plus, où je fais un examen de conscience et une autoévaluation. Ma conscience se dégonfle sans avoir validé ses critères, aussi laisse-t-elle cette autoévaluation dans cette partie du placard non rangée depuis un an, aux côtés de vêtements que je n’ai pas porté parce que j’espère encore perdre du poids pour les remettre en 2025 (ironiquement).
Sur la liste des objectifs que je m’étais fixée pour 2024, peu d’éléments ont reçu une coche verte, tandis que de nombreux points sont barrés en rouge. Je n’ai pas fréquenté le gymnase pour travailler les groupes musculaires nécessitant de l’attention, je n’ai pas perdu de poids, je n’ai pas lu les livres que je voulais découvrir, je n’ai pas non plus élaboré un programme d’activités tant individuelles qu’en famille, sans oublier les lignes de recherche que je n’ai pas continuées. Des travaux d’entretien en attente n’ont toujours pas été réalisés à la maison… et je n’ai pas étudié la langue requise pour commencer des projets humanitaires dans ce pays en développement. Je n’ai pas écrit ni répondu aux e-mails et messages WhatsApp que j’avais promis à des amis patiemment attendus.
Ainsi, me voici, face au miroir, me demandant si je devrais envisager de nouveaux objectifs ou revisiter les anciens, fascinée par mes cheveux en chignon maintenus par un crayon, car c’est ici que je peux dégainer rapidement mes pensées (la musique de “Le Bon, la Brute et le Truand” d’Ennio Morricone résonne).
Je me demande : que se passerait-il si je ne me regardais pas ? Si je “désafocus” et que je regarde au-delà ? En tournant mon regard ailleurs, mon image devient floue et je peux discerner…
Des éclats et détonations de mille guerres encore en cours. Des dirigeants qui se croient en droit d’attaquer des camps de réfugiés, des hôpitaux, des écoles, et des bâtiments civils, exhibant une licence pour ôter des vies, en particulier celles d’enfants innocents. Des enfances qui ne devraient pas vivre de telles horreurs, mais qui devraient au contraire voir leurs besoins fondamentaux satisfaits, ainsi qu’une éducation de qualité enveloppée de chaleur et d’affection.
J’aperçois des mouvements ondulants, les vagues écumantes, et une mer marquée par des naufrages, où des vies s’éteignent parce que des êtres humains aspirent à fuir la souffrance de la faim.
Des traces indélébiles de boue sont imprimées sur la vie de milliers de personnes frappées par la terrible tempête Dana qui a ravagé Valence et une partie de Castilla La Mancha.
Il existe une confrontation persistante au dialogue dans la plupart des sphères nationales et internationales. Des rumeurs alimentent la haine envers des personnes de couleurs de peau diverses ou venant d’horizons, ethnies et cultures différentes, soutenues par des idéologies et des politiques ignobles.
Enfin, on observe deux figures du panorama américain dont les ego débordent de la Terre, cherchant à coloniser d’autres mondes.
Il est nécessaire de se détacher de soi-même pour voir plus loin… j’appelle cela un “retour à soi”, bien que personne n’ait affirmé que ce chemin serait facile ou indolore. Je vais illustrer cela avec la figure de John Newton, qui a su redéfinir son regard et qui fête cette année le 300ème anniversaire de sa naissance.
John Newton est né en Angleterre en 1725. Il a perdu sa mère tôt, celle-ci lui avait enseigné des fragments de la Bible et comment prier. Son père, capitaine de navire, marqua son enfance qui se déroula en mer. Son caractère s’est forgé dans des environnements peu propices à son épanouissement.
Reconnu pour sa cruauté et sa brutalité, il a finalement été capitaine d’un navire transportant des vies arrachées aux familles et terres d’origine pour être vendues comme esclaves, tout en les utilisant comme main-d’œuvre pour ses plantations. Il réalise d’innombrables voyages jusqu’à ce qu’une tempête d’une violence extrême frappe son navire. Newton eut alors l’intime conviction qu’il vivait ses derniers instants et ce fut cette expérience qui lui fit ressurgir les paroles de sa mère, une prière vers le Sauveur jaillit de son cœur en quête d’aide.
Miraculeusement sauvé, ce “retour en soi” n’est pas ni n’a été instantané. Il nécessita un processus de transformation de son esprit, de son cœur et de sa vision du monde. Newton fut celui qui encouragea William Wilberforce dans sa lutte pour l’abolition de l’esclavage dans l’Empire britannique, et il a pu constater cette abolition législative peu avant sa mort.
Dans ses écrits et hymnes, coécrits avec le poète William Cooper, on peut suivre ce cheminement de transformation exprimé à travers des vers, dont l’héritage perdure jusqu’à nos jours. “Amazing Grace” est l’un de mes hymnes favoris, d’autant plus quand il est interprété a capella par une belle voix. “Sublime grâce du Seigneur”.
Bonne année !
Respectueusement.
Mon opinion
Il est fascinant de réfléchir au pouvoir des expériences individuelles et à leur capacité à transformer une vision du monde. John Newton, avec son histoire, nous rappelle que même les parcours les plus tumultueux peuvent aboutir à un changement significatif, tant pour soi que pour la société. Ce processus d’introspection et de prise de conscience des réalités extérieures où se mêlent souffrance et espoir est essentiel pour évoluer. En ce sens, prendre le temps de se “désafocaliser” peut offrir un éclairage précieux sur ce qui mérite véritablement notre attention et nos efforts. À l’aube d’une nouvelle année, cela nous interpelle sur la manière dont nous pouvons également contribuer à réduire les injustices qui nous entourent.
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Marine Martin, originaire de l’île Maurice, a débuté sa carrière comme conseillère bancaire avant de se faire un nom à New York. Passionnée par les marchés financiers internationaux, elle se spécialise dans les domaines de la banque, de la finance et du trading.