États-Unis. La géopolitique s’exprime dans toute sa complexité. Trump s’apprête à prendre ses fonctions en tant que président des États-Unis et a désigné Brendan Carr pour présider la FCC. Carr est un commissaire expérimenté et influent, favorable à l’industrie des télécommunications, avec une approche nationaliste et traditionnelle. Il a souvent critiqué les entreprises Internet et les plateformes numériques. Son vice-président sera JD Vance, lié à certains des leaders financiers les plus influents du secteur numérique : Steve Case (AOL-Time), Marc Andreessen (Netscape), Eric Schmidt (Google) et Peter Thiel (PayPal).
Trump a également nommé Elon Musk et Vivek Ramaswamy à la tête du département de l’efficacité gouvernementale. D’autres experts en technologie numérique ont trouvé leur place, comme Michael Kratos, ancien directeur exécutif de Scale AI, qui dirigera le Bureau de la politique scientifique et technologique de la Maison Blanche ; Emil Michael, ancien responsable chez Uber, en tant que sous-secrétaire de recherche et d’ingénierie ; et David Sacks, nommé “Zar de l’IA et des cryptomonnaies” à la Maison Blanche. Sriram Krishnan sera conseiller principal en politiques d’intelligence artificielle au même bureau.
Mark Zuckerberg a annoncé cette semaine sur ses réseaux sociaux son retour vers la législation américaine, adoptant ainsi une pratique de Meta à l’échelle mondiale. En conséquence, il a mené un geste respectueux à l’égard de Musk et s’est aligné sur Trump. Nous assistons à l’émergence de la présence d’affaires numériques la plus puissante jamais vue aux États-Unis, favorable au marché.
Une position solide se dessine pour libérer et soutenir le marché de la recherche, du développement et de l’implémentation des technologies numériques, y compris l’intelligence artificielle stratégique. Trump ne perdra pas ce leadership et intensifiera ses politiques anti-chinoises, tout en adoptant une approche plus ferme envers l’Europe.
Canada. La chute de Trudeau marque le début d’une nouvelle ère dans les relations avec la technologie numérique. Le Canada s’affirme comme un leader mondial dans ce domaine, avec un accent particulier sur l’intelligence artificielle, l’innovation, et le développement d’un écosystème technologique robuste.
Le pays a mis en place une stratégie numérique nationale, dispose d’institutions de recherche de niveau mondial et d’un écosystème d’innovation dynamique. Vancouver et Montréal sont ses deux principaux pôles numériques. Il compte trois grandes entreprises de télécommunications : Rogers, Bell et Telus. Inspiré par l’Europe, le Canada cherche à durcir sa réglementation envers les plateformes Internet et peine à harmoniser ses règlements avec ceux des États-Unis. Avec la démission de Trudeau, les décideurs escompteront se rapprocher des États-Unis.
Mexique. Le pays réinvente son système institutionnel. Il a créé l’Agence de transformation numérique et télécommunications, a instauré le Ministère des Humanities, des Sciences et de la Technologie, tout en abolissant l’IFT pour établir un nouvel organisme de régulation.
Europe. L’Europe renforcera sa régulation relative à l’intelligence artificielle, investira davantage d’argent public dans la transformation numérique, l’IA, ainsi que dans ses propres centres de données. Elle s’opposera aux recommandations du rapport Draghi, qui prône une déréglementation et un “arrêt réglementaire”. Pourquoi cela ? Parce que cela correspond à sa stratégie géopolitique face à la Chine et aux États-Unis.
La tendance est claire : la réglementation numérique, y compris celle de l’IA, sera débattue dans un environnement hostile, marqué par une forte compétitivité, l’innovation et des pressions géopolitiques. Les États-Unis chercheront à étendre leur vision des droits humains dans le monde numérique, en se confrontant à l’Europe et à la Chine.
Une vision latino-américaine du développement, des droits humains et de l’économie numérique est cruciale.
Mon opinion
Il est fascinant d’observer comment la dynamique géopolitique actuelle façonne les stratégies numériques des États-Unis, du Canada, du Mexique et de l’Europe. La concertation entre les acteurs économiques et politiques donne lieu à des ajustements significatifs qui pourraient redéfinir les rapports de force sur la scène internationale. D’un autre côté, cette évolution soulève des questions sur l’équilibre entre innovation, régulation et protection des droits individuels dans un paysage numérique en constante évolution. Adopter une approche proactive pour naviguer dans ces défis semble essentiel.
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Marine Martin, originaire de l’île Maurice, a débuté sa carrière comme conseillère bancaire avant de se faire un nom à New York. Passionnée par les marchés financiers internationaux, elle se spécialise dans les domaines de la banque, de la finance et du trading.