Milton César Jiménez Ramírez
Enseignant chercheur à l’Université de Caldas
Co-président de ICON-S Colombie
L’objectif principal du constitutionalismo est d’assurer un contrôle réel sur le pouvoir, tant public que privé, tout en garantissant les droits humains, considérés comme une avancée sur les décisions des majorités. Ainsi, la démocratie constitutionnelle repose sur un processus éthique et civique permettant de prendre des décisions sociales, en garantissant la participation, le dialogue social, et le respect des droits des minorités, ainsi que l’inclusion de tous les secteurs concernés ou affectés. Le constitutionalismo représente une limite éthique constante, permettant aux démocraties de suivre une voie rationnelle et raisonnable, éloignée du radicalisme.
Néanmoins, la conception de la Constitution est devenue une formule classique, montrant peu de capacité d’adaptation face aux nouveaux défis qui pourraient restreindre ou abolir les droits. Le cœur des discussions constitutionnelles ne devrait pas se limiter aux menaces que l’État fait peser sur les droits des citoyens, à l’irrespect de la séparation des pouvoirs, à l’organisation territoriale, à la légalité, à l’État de droit, à l’économie, ou encore aux mécanismes de participation démocratique. Ces enjeux, bien qu’essentiels, ne reflètent pas une vision actuelle et globale des dangers qui pèsent sur les droits constitutionnels et le processus démocratique.
Il est indispensable de réfléchir en permanence aux phénomènes numériques et à leur impact sur tous les aspects de la vie sociale. Le constitutionalismo numérique représente une variable cruciale pour identifier, analyser, évaluer et décider des contraintes que les technologies, telles que l’intelligence artificielle, pourraient générer sur la liberté, l’égalité, l’autonomie, et la formation de la volonté collective. Par conséquent, il est nécessaire que les acteurs sociaux et institutionnels discutent des principes, valeurs et règles devant régir la technologie et son impact sur le domaine numérique ainsi que dans la sphère publique.
Désormais, concevoir la Constitution comme un bien public est plus impératif que jamais. Face à ce défi, le droit doit démontrer son expertise pour promouvoir des réglementations efficaces, et non simplement symboliques, tout en favorisant une culture de l’éthique et du dialogue comme garde-fou face aux technologies susceptibles d’éradiquer l’humain, que ce soit à travers les réseaux sociaux ou des technologies d’intelligence artificielle capables de collecter massivement des données personnelles, de promouvoir la consommation, de créer des profils numériques et sociaux, de prédire des comportements, ou d’intruser dans la vie privée.
Cette réflexion numérique doit devenir une priorité institutionnelle pour établir un véritable contrepoids social face à cette puissance. Cela exige une éducation à la démocratie et aux droits humains, considérée comme nécessaire pour le succès de tout design constitutionnel. Ce constitutionalismo doit être un outil de délibération qui impose une reddition de comptes constante, de l’autorégulation et des preuves quant à l’origine, la transparence, la neutralité et la responsabilité sociale des designs numériques ; il doit aussi garantir un droit à un langage clair, à la liberté d’expression, à l’accès à l’information, ainsi qu’à des prohibitions contre la censure, l’élimination de l’espace numérique, la discrimination ou la persécution. Le pensée constitutionnelle numérique doit être une plateforme de réglementation proportionnelle au développement des technologies, avec une éthique et une subordination à la nature humaine.
Le design constitutionnel doit posséder la plasticité nécessaire pour s’adapter et faire face aux complexités du phénomène numérique (artificiel, quantique, transhumain, etc.). Il est temps de redéfinir le droit comme une expérience collective de régulation, qu’elle soit régionale ou mondiale. À cet égard, le droit comparé permettra d’obtenir des synthèses sur l’efficacité des expériences réglementaires (telles que le cadre normatif européen pour l’IA, les sanctions contre les monopoles technologiques, ou l’absence de mesures pour protéger l’intégrité des utilisateurs), ainsi que de la nécessité d’une organisation multilatérale dotée d’une réelle capacité de sanction, notamment en confrontant des pays souhaitant implanter des pratiques technologiques intrusives, et l’absence de restrictions, créant ainsi de faux dilemmes selon lesquels toute réglementation serait un frein indue au développement.
Il est temps pour les pays en développement de questionner leur rôle de simples récepteurs de technologies et d’exiger des mesures de protection des droits humains, de participation et de suivi, voire de demander des compensations pour les individus voyant leur savoir exposé et exploité. Ce constitutionalismo représente une occasion de tester nos apprentissages sociaux et de prendre une responsabilité existentielle pour les droits.
Merci de nous lire. Envie de rester informé ? Abonnez-vous et accédez à toutes nos actualités, sans limites.
Consultez des articles sur Ámbito Jurídico.
Suivez-nous sur WhatsApp.
Mon opinion
À mon avis, le débat sur l’intégration des nouvelles technologies dans le cadre des droits constitutionnels est crucial. Il ne suffit pas de simplement s’opposer aux évolutions technologiques ; nous devons envisager des mécanismes qui garantissent un usage responsable et éthique de ces outils. Cela implique non seulement une vigilance face aux abus potentiels, mais aussi un dialogue proactif entre toutes les parties prenantes, afin de construire un avenir numérique qui protège réellement les droits fondamentaux. Nous avons l’opportunité de redéfinir notre compréhension du droit face aux nouvelles réalités sociales et technologiques qui émergent.
- Source image(s) : www.ambitojuridico.com
- Source : https://www.ambitojuridico.com/noticias/internacional/constitucional-y-derechos-humanos/por-un-constitucionalismo-digital
Marine Martin, originaire de l’île Maurice, a débuté sa carrière comme conseillère bancaire avant de se faire un nom à New York. Passionnée par les marchés financiers internationaux, elle se spécialise dans les domaines de la banque, de la finance et du trading.