Article de Moisés S. Palmero Aranda
Éducateur environnemental
Je suis plongé dans une expérience belle, enrichissante et stimulante : la IIe Résidence de Littérature et de l’Environnement que nous vivons dans les montagnes sévillanes de Valsaín, au cœur du Parc National de la Sierra de Guadarrama.
Dix écrivains venus de toute l’Espagne ont eu l’opportunité de travailler pendant neuf jours sur notre prochain projet littéraire axé sur la nature, avec l’accès à toute la documentation et aux archives de la bibliothèque du Centre National d’Éducation Environnementale, CENEAM.
Pour participer, nous avons dû passer par un processus de sélection durant lequel nous avons présenté notre projet, l’idée que nous souhaitions développer, ainsi que notre motivation personnelle. Pour ma part, je travaille sur un nouveau conte inspiré de la mer d’Alboran, où je mêlerai posidonies, dunes de Punta Entinas et trois Rois Mages très marins.
Nous avons juste à nous asseoir et à écrire, et je dois avouer que c’est ce qui s’avère le plus difficile. Les organisateurs et moi-même en étions conscients : même dans un cadre idylique, durant une saison magnifique, avec tous les besoins comblés, l’inspiration demeure capricieuse et les routines et espaces d’écriture sont ardus à modifier.
De plus, nous sommes submergés par tant de stimuli : conférences, visites, ateliers, pauses café, promenades en forêt et activités communes avec la population locale, que notre esprit peine à tout assimiler. Ainsi, lorsque nous nous retrouvons devant la page blanche, il est indispensable, du moins pour moi, de structurer mes idées pour éviter la saturation de mémoire, de conserver l’essentiel et de retenir les petits détails.
Le temps d’écrire arrivera, et je suis certain que cela se produira très bientôt, car l’idée sur laquelle je travaille a déjà germé et est maintenant prête à se développer. Si je ne la récolte pas immédiatement, elle risque de se perdre dans les oubliettes de ma mémoire ou sur le sol de mon jardin littéraire. Mais ce ne serait pas alarmant, car les fruits qui se décomposent finissent par donner naissance à de nouvelles vie, mais sous une forme, une couleur et un goût différents.
Ce qui m’a le plus intéressé, et qui m’a poussé à postuler, c’est la possibilité de vivre, discuter et débattre avec mes pairs. Apprendre sur leurs préoccupations, leurs projets, leurs moyens d’avancer tant sur le plan créatif qu’éditionnel, et surtout, partager mon parcours depuis tant d’années afin qu’il soit soumis au filtre de la critique constructive et éclairée d’observateurs extérieurs.
Il n’y a rien de plus précieux que le conseil, l’opinion spontanée et sincère d’un inconnu pour te faire réaliser que ton propre nombril — que nous avons tous — n’est qu’une cicatrice du commencement, un beau souvenir et la preuve que d’autres ont déjà arpenté les terres que nous foulons.
Si nous ne faisons germer que les mêmes graines, nous récolterons les mêmes fruits. D’où l’importance de plonger dans un océan d’humilité pour reconnaître nos limites, discerner les erreurs que nous pensions être des succès, et comprendre que certaines de nos prétendues compétences n’étaient pas si acérées. Apprendre à reconnaître les traces laissées sur des chemins que nous croyions inexplorés, dans des échos piégés dans des ravins que nous imaginions impraticables ou sur des peintures recouvrant des murs de grottes que nous pensions inaccessibles.
Se mettre en chemin implique aussi de confondre aigles royaux et vautours, d’écrire des haïkus près des bunkers de la guerre civile ou de déambuler dans des corridors où vécurent des rois, pour hybridiser idées et expériences, découvrir d’autres nuances de l’automne, et d’autres refuges où se ressourcer après des aléas et des chutes. Apprécier que chaque pas fait partie intégrante d’un processus, tant individuel que collectif, où, peu importe le nombre d’étoiles que vous portez sur votre revers, vous resterez toujours apprenti, si votre objectif est de tenter de résoudre les défis mondiaux, ou du moins de trouver une lueur d’espoir, une motivation pour continuer à avancer malgré les difficultés.
Je ne sais pas comment cela se terminera, quels enseignements je tirerai de cette expérience, mais je peux d’ores et déjà affirmer qu’elle a confirmé ma conviction que l’éducation environnementale et la littérature constituent deux outils qui se complètent à merveille et, comme le disait Celaya à propos de la poésie, sont riches en avenir.
Mon opinion
Dans le cadre de cette résidence, il est fascinant de voir à quel point l’interaction entre écrivains peut nourrir la créativité collective. En effet, ces moments d’échange permettent non seulement de faire mûrir des idées, mais aussi d’autres regards sur notre propre travail. Cela m’amène à penser que, dans un monde aussi interconnecté, la collaboration entre des disciplines comme la littérature et l’éducation environnementale peut ouvrir de nouvelles perspectives sur des problématiques contemporaines. La richesse de ces échanges pourrait également servir de modèle pour d’autres initiatives visant à allier culture et sensibilisation écologique.
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Marine Martin, originaire de l’île Maurice, a débuté sa carrière comme conseillère bancaire avant de se faire un nom à New York. Passionnée par les marchés financiers internationaux, elle se spécialise dans les domaines de la banque, de la finance et du trading.