La suppression de la trace digitale d’une personne sur les réseaux sociaux est devenue l’une des demandes les plus fréquentes auprès des planificateurs de funérailles, une évolution qui marque un tournant par rapport aux enterrements traditionnels.
En Espagne, un fort intérêt se manifeste pour l’organisation de son propre dernier adieu, avec 89,2 % des personnes interrogées jugeant que les veillées doivent refléter la vie du défunt. D’ailleurs, 84 % estiment que les rituels funéraires devraient être en adéquation avec les souhaits du disparu et de sa famille, selon une étude récente réalisée par Sigma Dos.
Pazy, premier planificateur digital de funérailles en Espagne, propose une gamme de services sur-mesure. Parmi ces options, le service de suppression de l’identité numérique après le décès est particulièrement prisé, une préoccupation pour 70 % des répondants. De plus, 34 % envisageraient de gérer l’ultime hommage d’un proche sur les réseaux sociaux.
Ce planificateur propose diverses alternatives allant des pratiques écologiques, comme la transformation en arbre, à des célébrations festives en l’honneur du défunt. L’objectif est de concevoir une cérémonie unique qui reflète la vie et l’identité du disparu.
Un tarif clair
Dans une interview, Alejandro Nieto, le CEO de Pazy, explique comment un planificateur de funérailles diffère d’un contrat d’assurance décès, surtout face à l’évolution de l’espérance de vie : “Autrefois, beaucoup optaient pour un contrat d’assurance dès leur jeunesse afin de garantir que les frais soient couverts au moment du décès. Aujourd’hui, les mentalités changent”. Il ajoute : “De plus en plus de personnes préfèrent épargner pour leurs proches ou choisir un plan funéraire avec un coût total connu dès le départ”.
L’entreprise propose un tarif fixe pour un service “personnalisable en fonction des souhaits du client, évitant ainsi de placer la charge de décision sur les proches”. Aucune exigence médicale ni limite d’âge n’est imposée pour la souscription.
A l’inverse des assurances traditionnelles, “il est impossible de connaître le coût total à l’avance puisque les paiements peuvent s’étendre sur toute une vie”, souligne Nieto. Selon un rapport récent de l’OCU, cela pourrait représenter un coût multiplié par 3 ou 4 par rapport à un enterrement classique.
Pazy recommande de planifier les détails des funérailles de son vivant, mais un contrat peut également être établi ultérieurement. Ils offrent trois formules : “Eco, Standard et Premium”, allant des services élémentaires comme l’incinération directe, jusqu’à des options complètes incluant salle de veillée et cérémonie. Leur approche personnalisée inclut également un soutien psychologique gratuit pour les clients et leurs familles, ainsi qu’un accompagnement juridique pour la gestion des démarches post-mortem.
La cybersécurité
En se détachant des assureurs traditionnels, la plateforme permet de “contracter directement des services funéraires sans intermédiaires, ce qui élimine les coûts cachés et les commissions”. Le processus de souscription est simplifié, les clients n’ont qu’à indiquer leurs préférences. “Économiquement, cela signifie un tarif fixe, sans paiement récurrent, car on ne paie que pour ce qui est réellement convenu”, insiste Alejandro Nieto. Un autre point distinctif est l’accompagnement proche, qui comprend la gestion des formalités administratives (impôts, testament, annulation de services, déclaration fiscale…). Cette offre couvre également une demande de plus en plus courante : “La suppression de la présence digitale après le décès. Nous gérons l’élimination des comptes sur les réseaux sociaux et de toute trace dans l’environnement numérique”. Cette action va au-delà de la simple désactivation des profils et vise à prévenir les risques liés à la cybersécurité, l’utilisation de données personnelles et le vol d’identité.
Concernant le profil des clients, Nieto mentionne ceux qui souhaitent “épargner à leurs proches la prise de décisions en période difficile et s’assurer que leurs souhaits soient respectés”. En général, ce sont des personnes de plus de 50 ans, hommes et femmes, qui veulent s’assurer que tout soit en ordre. Ces individus souhaitent garder le contrôle sur leur ultime hommage et établir clairement les détails de leurs funérailles, que ce soit concernant leurs croyances religieuses, leur préférence pour l’inhumation ou la crémation, le type de cérémonie, ou même la possibilité d’ajouter de la musique. Un autre groupe cible était constitué par les plus de 65 ans, “porteurs de métiers à risque ou atteints de maladies terminales, souvent exclus par les compagnies d’assurances”, raconte le CEO.
En termes de répartition par sexe, 54 % d’entre eux sont des hommes et 46 % des femmes résidant dans des métropoles comme Madrid ou Barcelone, ayant généralement un niveau socio-économique moyen à faible, et craignant de laisser des dettes à leurs proches, expliquent les données de Pazy.
Environ 22 millions de personnes en Espagne, soit près de 47 % de la population, ont souscrit à une assurance décès, d’après l’OCU. Ce phénomène met en lumière une culture de prévoyance, reflétée par la taille significative du secteur funéraire, évalué à près de 4 milliards d’euros par an en Espagne. Cette nouvelle approche de “célébrer la vie des défunts” est déjà adoptée dans des pays comme le Royaume-Uni, les États-Unis ou le Paraguay.
Mon opinion
Il est indéniable que la manière dont nous envisageons les funérailles évolue, tout autant que notre rapport à la mort elle-même. La proposition d’un planificateur de funérailles digital tel que Pazy répond à un besoin croissant de personnalisation et de prévoyance, permettant aux individus de gérer ce qui peut être un sujet délicat de manière proactive. Je pense qu’il est essentiel d’envisager ce type de service, non seulement pour alléger le fardeau émotionnel des proches, mais aussi pour s’assurer que nos derniers souhaits soient respectés avec dignité et sincérité, reflétant ainsi notre identité personnelle.
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Marine Martin, originaire de l’île Maurice, a débuté sa carrière comme conseillère bancaire avant de se faire un nom à New York. Passionnée par les marchés financiers internationaux, elle se spécialise dans les domaines de la banque, de la finance et du trading.