« Il est vraiment important que les gens ne pensent pas que je suis déjà à la retraite simplement parce qu’ils ne m’ont pas vue en compétition à la télévision », déclare Sarah Storey, l’athlète paralympique la plus décorée de l’histoire britannique dans une interview accordée à The Independent.
Avec 19 médailles d’or, 8 d’argent et 3 de bronze à son actif, Storey a non seulement dominé le parasport pendant plus de trois décennies, mais a également excelling dans deux disciplines différentes : la natation et le cyclisme.
Malgré cette carrière exceptionnelle, son nom ne sonne pas encore aussi fort que celui d’autres athlètes britanniques renommés, un constat que Storey impute directement à la manque d’exposition médiatique des sports paralympiques.
Être l’une des athlètes les plus couronnées de succès de l’histoire du sport britannique ne garantit pas une résonance auprès du grand public, un paradoxe difficile à comprendre que Storey affronte de plein fouet.
« Nous nous battons toujours avec le financement et l’exposition », assure Storey. Au fil des ans, elle a observé comment ce manque d’attention affecte même les figures les plus en vue du parasport.
« Les gens disaient : ‘Qui est-elle ? J’espère qu’elle sera remplacée par quelqu’un de plus connu’ », raconte-t-elle à propos des commentaires qu’elle a pu lire lorsqu’elle a dû se retirer de l’émission télévisée Dancing on Ice après s’être fracturé la cheville gauche.
Elle souligne comment le manque de visibilité du parasport dans les médias contribue à l’idée erronée que de nombreux spectateurs retirent : « Beaucoup de personnes, plus d’une fois, ont supposé que j’étais déjà à la retraite. Ils étaient très surpris et content de voir que j’avais été sélectionnée à nouveau pour participer à d’autres Jeux ».
Ce désintérêt médiatique, selon Storey, touche directement le développement professionnel des para-athlètes, car l’absence de couverture entre les Jeux Paralympiques limitent l’accès aux ressources économiques nécessaires.
« Nous devons nous entraîner comme si nous étions à plein temps, nous devons produire des résultats avec la même détermination que des athlètes professionnels. Mais nous ne bénéficions pas de la couverture qui permettrait de générer les ressources financières nécessaires pour maintenir un tel niveau », déplore-t-elle.
Pour Storey, la situation requiert un équilibre délicat entre rivaliser au plus haut niveau et endosser plusieurs rôles en dehors du sport.
En plus de sa carrière d’athlète de haut niveau, elle collabore avec des organisations telles que Greater Manchester Moving, le Lancashire Cricket Club et le Manchester Met Institute of Sport pour promouvoir l’activité physique, bien qu’elle reconnaisse le poids que cela représente.
« C’est vraiment compliqué », déclare-t-elle, soulignant les multiples défis auxquels ces athlètes font face en raison du manque de soutien systémique.
Storey indique que de nombreux problèmes liés au parasport proviennent des organismes de régulation, tels que la Union Cycliste Internationale (UCI), qu’elle accuse de ne pas avoir fait suffisamment pour promouvoir le para-cyclisme au cours des vingt dernières années.
« Les organismes internationaux qui régissent le parasport doivent commencer à envisager des modifications pour améliorer la couverture médiatique », insiste-t-elle.
Elle exhorte également à diffuser des événements comme les championnats du monde et les coupes du monde avec une production professionnelle, comprenant des commentateurs, des interviews et des plateformes de streaming. « Nous devons voir des événements bien couverts et présentés de manière adéquate », ajoute-t-elle.
Storey souligne comment ce manque de visibilité pèse aussi sur les athlètes eux-mêmes, qui doivent faire des efforts pour suivre les événements de leur sport.
En exemple, elle mentionne les récents championnats du monde à Zurich, où le para-cyclisme a été couvert uniquement parce qu’il était intégré au même programme que le cyclisme traditionnel.
« Si nous avions été séparés, comme cela sera le cas l’an prochain en Belgique, je peux presque garantir que la couverture ne sera pas du tout la même », déplore-t-elle. Pour Storey, maintenir ces événements ensemble est crucial :
« Une fois que nous aurons une couverture médiatique, et une narration entre les Jeux Paralympiques, nous commencerons à voir émerger ces personnalités ».
Avec une carrière de plus de trois décennies et 30 médailles paralympiques à son actif, Storey incarne non seulement l’excellence sportive, mais aussi la persévérance face à un système qui néglige souvent le juste reconnaissance qu’elle et d’autres para-athlètes méritent.
À 47 ans, Storey se trouve à un tournant : doit-elle continuer à concourir jusqu’aux Jeux Paralympiques de Los Angeles 2028, ou prendre du recul ?
Bien qu’elle n’ait pas encore pris de décision définitive, Storey se dit en pleine forme et prête pour de nouveaux défis.
« Je me sens plus forte que jamais sur ma vélo », dit-elle, insinuant que la conquête d’une vingtième médaille d’or paralympique pourrait être dans ses projets. « Peut-être que cette victoire est celle qui finira par me donner la reconnaissance que je mérite », affirme-t-elle.
Cependant, Storey est également consciente que son impact ne se mesure pas uniquement par les titres et les trophées. En tant que défenseure du parasport, elle consacre une grande partie de son temps à promouvoir le développement d’opportunités pour les athlètes handicapés.
Son engagement en faveur du sport et de l’inclusion va au-delà de ses propres accomplissements. Ses efforts témoignent de sa conviction que le sport a le pouvoir de transformer des vies, quelles que soient les barrières physiques, sociales ou économiques.
Storey ne se bat pas seulement pour elle-même ; elle lutte pour une génération d’athlètes qui méritent d’être vus, entendus et célébrés. Son héritage, par conséquent, ne réside pas uniquement dans ses 30 médailles, mais dans son engagement indéfectible à construire un chemin plus inclusif pour ceux qui viendront après elle.
Le point de vue Sportif
Il est indéniable que Sarah Storey représente bien plus qu’une simple athlète. Elle incarne la lutte pour la reconnaissance des para-athlètes dans un contexte médiatique souvent indifférent. En tant qu’observateur, je suis frappé par la complexité de son parcours, qui montre que la visibilité est essentielle pour conditionner l’acceptation et le succès de ces performances sportives. En effet, l’intégration des événements paralympiques dans un programme plus large, comme mentionné par Storey, souligne l’importance d’une couverture médiatique cohérente. J’espère que son appel à une meilleure production et diffusion des événements paralympiques sera entendu, car chaque médaille d’or mérite d’être célébrée dans toute son ampleur.
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