Stratégie idiote : une faillite à deux doigts !

Marine Martin

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Todd Graves a adopté une stratégie de financement à haut risque pour son entreprise Raising Cane’s Chicken Fingers, un pari audacieux qui a failli lui coûter son rêve.

Aujourd’hui, le co-PDG et fondateur de Raising Cane’s est estimé à 9,5 milliards de dollars, selon Forbes, grâce à sa participation de plus de 90 % dans l’entreprise. Cependant, ce succès n’est pas venu sans effort. Pour réunir le capital nécessaire à l’ouverture du premier restaurant, il a travaillé 90 heures par semaine dans une raffinerie de pétrole et a pêché le saumon en Alaska.

En développant sa chaîne, Graves a opté pour des prêts auprès d’investisseurs privés à un taux d’intérêt de 15 %. Il a ensuite utilisé cet argent à des banques communautaires qui traitaient cette dette comme des fonds propres, ce qui lui a permis d’obtenir des emprunts encore plus importants, a-t-il expliqué lors du podcast “How I Built This” en 2022.

C’était une décision risquée qui a failli lui coûter son entreprise. Lorsque l’ouragan Katrina a fermé 21 de ses 28 magasins dans la région de Baton Rouge en 2005, cela a temporairement interrompu le flux de revenus nécessaire pour éviter un défaut de paiement.

“Je dis souvent aux entrepreneurs : ‘Ne faites pas ça’, parce que mon rêve aurait pu s’évaporer,” confiait Graves au podcast “Trading Secrets” en mai. “C’était une erreur.”

“Heureusement”, l’entreprise a survécu, a-t-il ajouté, grâce à sa capacité à rouvrir rapidement après l’ouragan. Cette expérience lui a appris à mieux gérer le risque. Aujourd’hui, Graves veille à ce que sa société ait moins de trois dollars de dettes pour chaque dollar de patrimoine, a-t-il expliqué à “Trading Secrets”.

« De nombreux propriétaires d’entreprise portant ce genre de dettes ne s’en sortent pas »

D’après Bryan Bean, vice-président exécutif de la banque d’entreprise chez Pinnacle Financial Partners, Graves a eu la chance que sa lourde dette initiale n’ait pas nui à long terme à Raising Cane’s. “De nombreux propriétaires d’entreprise portant ce genre de dettes peinent à survivre,” a-t-il déclaré.

Le levier de trésorerie indique le montant de la dette d’une entreprise par rapport à son EBITDA, soit le revenu généré par ses opérations avant de prendre en compte d’autres coûts comme les intérêts et les impôts, explique Bean.

Maintenir ce ratio en dessous de trois, règle que Graves applique désormais, est la norme de l’industrie, selon lui. Pour les plus petites entreprises, un ratio de levier d’un ou deux fois pourrait même être plus approprié. Une ratio de levier supérieur à trois est considéré comme extrêmement risqué, précise Bean.

Les particuliers doivent également faire preuve de prudence : les experts en finances personnelles recommandent de conserver un ratio de dette sur revenu inférieur à 36 %.

Obtenir des prêts peut être bénéfique pour la croissance d’une entreprise. Charlie Munger, ancien vice-président de Berkshire Hathaway et associé de Warren Buffett, décédé l’année dernière, a déjà affirmé que Berkshire Hathaway vaudrait “deux fois plus” s’il avait utilisé l’effet de levier.

Lever des fonds par le biais de la dette, plutôt qu’en prenant trop d’investisseurs supplémentaires, est la raison pour laquelle Graves détient encore presque la totalité de Raising Cane’s aujourd’hui.

Le risque réside dans la capacité d’une entreprise à sortir du rouge, précise Bean. Des événements inattendus comme l’ouragan Katrina peuvent poser une menace significative pour les entreprises fortement endettées. Transformer Raising Cane’s en une entreprise générant 3,7 milliards de dollars de ventes nettes l’année dernière n’est pas un mince exploit.

“C’est remarquable ce qu’il a réussi,” conclut Bean à propos de Graves. “Il a choisi une structure de capital, dans ses propres mots, plus risquée à cause des dettes qu’elle comportait, et surtout de dettes coûteuses — rendant ainsi la situation encore plus délicate, car il avait probablement moins de marge d’erreur.”

Au final, le mouvement audacieux de Graves n’a pas coulé son entreprise, et il insiste sur le fait qu’il a tiré une leçon précieuse d’une expérience qu’il attribue à sa jeunesse et à son inexpérience : “J’avais une vingtaine d’années et j’étais imprudent,” a-t-il indiqué.

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Notre Opinion

La gestion de la dette d’une entreprise représente un enjeu crucial pour sa pérennité. L’approche de Todd Graves, en prenant des risques calculés, illustre comment des choix financiers audacieux peuvent aboutir à des réussites, tout en soulignant l’importance d’une planification rigoureuse. Les entrepreneurs doivent apprendre des expériences passées et comprendre que même si la prise de risque peut enrichir, elle peut également engendrer des difficultés significatives. Ainsi, établir un équilibre entre opportunité et prudence devient essentiel pour naviguer dans l’écosystème entrepreneurial moderne.



  • Source images(s) : www.cnbc.com
  • Source : https://www.cnbc.com/2024/10/12/raising-canes-todd-graves-stupid-strategy-nearly-cost-me-my-business.html

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