Les organisations recherchent en permanence l’efficacité de leurs systèmes et la productivité de leurs employés, car cette combinaison, résultat de la relation entre les utilisateurs et la technologie, impacte directement les affaires. Computing, en collaboration avec Entelgy et Foreworth, a rassemblé des experts de divers secteurs pour discuter des clés de la productivité et des méthodes de suivi des activités au sein de leurs entreprises, tant sur le plan technologique qu’humain.
Les entreprises expérimentent l’implantation de l’intelligence artificielle (IA) dans de nombreuses tâches, avec des résultats variables en termes de productivité. La plupart des organisations estiment que l’IA a contribué à améliorer leur productivité, mais des difficultés se posent lors de l’évaluation des processus élaborés par l’IA. “De nombreux modèles d’IA nécessitent encore de l’entraînement et de la maturité, créant ainsi des goulets d’étranglement dans le contrôle qualité, ce qui occasionne parfois le besoin de revenir en arrière pour corriger des erreurs.” Pour les experts, établir des bases de développement solides pour l’IA reste un défi majeur.
Cependant, “il existe des développeurs seniors qui manquent de confiance en l’IA, ce qui ralentit la productivité. D’autres, en revanche, lui font tellement confiance qu’ils peuvent devenir négligents dans leur supervision, entraînant ainsi des erreurs non détectées. Au final, des tâches comme le développement de code sont un art, et le facteur humain reste très important.”
Quoi qu’il en soit, les experts s’accordent à dire que l’IA n’est pas un “café pour tous”, car son utilisation dépend du secteur, voire du domaine au sein de l’entreprise. “Par exemple, dans le secteur des médias, l’IA générative est très utile lors de la phase d’idéation, mais moins efficace lors de la rédaction. Un développeur ou un utilisateur travaillant intensivement dans un cadre, lors du déploiement automatique de mises à jour ou de tâches de testing, peut tirer profit de l’IA ; en revanche, pour un employé travaillant avec Excel, l’intérêt est limité.”
Tous s’accordent à dire qu’il est nécessaire de réaliser un changement culturel et une gestion des attentes avant d’implanter l’IA. “Il est normal qu’au cours du premier mois ou mois et demi suivant l’implantation, la productivité baisse car un temps d’adaptation et de formation est nécessaire. Il est difficile d’obtenir un ROI significatif à court terme.”
Toutes les entreprises sont technologiques
“Il faut sensibiliser les équipes pour qu’elles comprennent que toutes leurs actions concernant le logiciel ont un impact sur les affaires.” La technologie n’est plus étrangère au compte de résultat, mais mesurer ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas reste un défi. Toutefois, “ce défi n’est pas plus grand que celui rencontré à l’époque avec la mesure de productivité par agile, le low code, etc.” Dans ce contexte, l’IA offre une visibilité sur certains paramètres qui, autrement, seraient très difficiles à mesurer. “Il ne faut pas faire preuve de suffisance et reconnaître que ChatGPT peut nous assister dans de nombreuses situations.”
Il est normal qu’au cours du premier mois ou mois et demi suivant l’implantation de l’IA, la productivité baisse car un temps d’adaptation et de formation est nécessaire. Il est difficile d’obtenir un ROI significatif à court terme.
Certaines entreprises, telles que Cabify, ont mis en place des cadres de “productivité auto-perçue”, dans lesquels, régulièrement, une sondage automatique est réalisé auprès des développeurs pour identifier leurs goulets d’étranglement et déterminer quels équipes avancent plus rapidement afin de résoudre les problèmes potentiels.
Dans le cas de Ford, par exemple, la métrique commerciale diffère complètement de celle des TI : “peu importe à quel point nous développons un système informatique qui fonctionne à la perfection, si nous ne vendons pas de voitures, nous sommes mal partis”. Les experts affirment que la clé réside dans le développement d’applications en pensant toujours à leur rôle dans le facilitation de la vente. “Ce n’est pas une dépense, c’est un investissement.”
Intervenants
De gauche à droite, de haut en bas: Fernando Naranjo, Directeur des opérations d’Entelgy | Carlos Herrera, CTO de Cabify | Manuel Sainz, Responsable des ventes EMEA de Foreworth | Julio Muñoz, CTO de El Confidencial | David Díaz, Partenaire commercial financier de Capital Energy | Enrique Ferrer, Responsable des systèmes de Ford Motor Company | Antonio Cobos, CTO de OHLA | Juan Miguel Gil, Responsable TI Corporate Espagne de ArcelorMittal | Jesús Olmedilla, Innovation et processus de Banco Santander | Daniel Damas, Responsable de l’assistance TI et de l’ingénierie de plateforme de Nationale Nederlanden
D’autres entreprises, comme Cabify ou Banco Santander, intègrent des membres des équipes commerciales et TI dans chaque groupe de travail, chaque équipe ayant son compte de résultat. “Cela implique de faire participer le personnel technique au business, et non l’inverse. Le bon projet est celui qui génère de l’EBITDA.” Dans ce cas, si les objectifs d’un groupe donné sont manqués ou, au contraire, si des résultats très satisfaisants sont atteints, les membres de l’équipe sont alternés pour identifier où ils réussissent le mieux. “Certains employés sont passés de la menace de licenciement à une promotion après un changement de contexte ou d’équipe.”
Il faut sensibiliser les équipes pour qu’elles comprennent que toutes leurs actions concernant le logiciel ont un impact sur les affaires.
À ce stade, il a été question du soi-disant “détournement technologique”. Il est crucial de “mettre en lumière les personnes qui performent moins bien ou qui envisagent de quitter l’entreprise, car au final, vous investissez dans la formation d’employés qui, peu après, ‘détournent’ ce savoir et le mettent à profit ailleurs”, et finalement, “la souffrance liée à la perte de savoir-faire et à la courbe d’apprentissage du nouvel arrivant retombe sur le client, pas sur l’entreprise.” C’est pourquoi, “il est essentiel d’établir une matrice de partage des connaissances qui élimine ce qu’on appelle le ‘bus factor’ : si demain un employé se fait écraser par un bus, rien ne devrait changer, aucun processus de l’entreprise ne doit dépendre d’une unique personne.” Un exemple frappant, mais parlant.
Concernant le talent, les experts estiment intéressant d’inclure la mesure dans la recherche de professionnels. “Le fameux scoring, -qui est souvent vilipendé, mais qui se fait-, peut évoluer pour que chaque employé soit associé à un chiffre en fonction de ses performances, lui permettant d’accéder à certains postes. Bien sûr, il faut ensuite considérer d’autres dimensions lors de l’embauche.”
La sécurité, ennemie de la productivité ?
La sécurité en tant qu’obstacle aux affaires a suscité un débat qui semble encore flou. “Le produit recherche l’accessibilité, tandis que le CISO s’efforce d’assurer la sécurité, deux éléments qui continuent de s’opposer.”
La multiplication des attaques ces dernières années a sensibilisé les entreprises à l’importance de la sécurité. Cependant, souvent, les entreprises souhaitent déployer rapidement des logiciels, négligeant ainsi des impératifs tels que l’actualisation de logiciels anciens, ce qui peut entraîner des failles de sécurité, repoussant toujours ce sujet à plus tard.
Nous nous trouvons dans une période délicate où les entreprises doivent jongler avec la gestion de technologies comme l’IA d’un côté et le maintien de mainframes ou de COBOL de l’autre. Pourtant, de nombreux CIO estiment que “si quelque chose fonctionne, pourquoi le remplacer ? Par ailleurs, se débarrasser de COBOL n’est pas si simple, la migration est difficile et il faut tout développer depuis le début.”
“Le pire serait de se retrouver avec ce qu’on appelle un ‘walking dead’, c’est-à-dire un logiciel dont personne ne sait plus se servir au sein de l’entreprise, car la dernière personne le connaissant a déjà pris sa retraite et, à l’occasion, il pourrait être nécessaire de le réutiliser.” Dans ce contexte, Entelgy fournit des solutions qui permettent également de mesurer la quantité de logiciels ‘morts’ qu’une entreprise possède ainsi que la durée depuis laquelle ils n’ont pas été utilisés.
Opinion
L’évolution des outils technologiques et leur intégration progressive dans le fonctionnement des entreprises soulèvent de nombreuses réflexions sur l’avenir du travail. L’intelligence artificielle, lorsqu’elle est utilisée judicieusement, peut véritablement transformer l’efficacité des processus. Cependant, son adoption ne doit pas occulter l’importance du facteur humain. Une approche équilibrée, qui combine technologie et savoir-faire humain, sera probablement la clef pour une productivité durable. De plus, la nécessité d’une culture d’entreprise adaptée à ces changements ne doit pas être sous-estimée. Les entreprises qui sauront accompagner leurs équipes dans cette transition technologique seront celles qui prospéreront à l’avenir.
- Source images(s) : www.computing.es
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