Les responsables de l’Institut Cervantes et de l’Université Nationale Autonome de Mexico (UNAM) se sont réunis ce mercredi lors de la Foire Internationale du Livre de Guadalajara (FIL) dans le but ambitieux de positionner l’espagnol, le quatrième langage le plus influent au monde, comme une véritable langue scientifique. C’est ce qu’a exposé le directeur du Cervantes, le célèbre écrivain Luis García Montero, avant de signer avec le recteur de l’UNAM, Leonardo Lomelí, un accord visant à créer ce qui sera désigné comme l’Observatoire de l’Espagnol pour l’Amérique Latine et les Caraïbes. Ce projet a pour vocation d’étudier l’usage de la langue commune sur une grande partie de ce continent, tout en examinant les impacts de la technologie sur celle-ci et les moyens d’en faire une langue de référence dans le domaine des sciences, traditionnellement dominé par l’anglais.
García Montero a précisé que ce projet s’inscrit dans une initiative plus vaste, l’Observatoire Global de l’Espagnol, qui a été lancé entre le gouvernement espagnol et la communauté autonome de La Rioja, dans le nord de l’Espagne, une région où sont apparues les premières gloses à l’époque où le latin perdait sa prédominance. On prétend que c’est ici que l’espagnol a vu le jour. Depuis sa fondation, cette initiative cherche à évaluer l’évolution de la langue à travers le monde, désormais confrontée aux défis posés par la technologie. “L’Observatoire cherche à comprendre comment l’intelligence artificielle influe sur notre langue, quelle est la place de la science en son sein et comment faire de l’espagnol une langue scientifique”, a déclaré l’écrivain.
Un projet similaire, en partenariat avec l’UNAM, est déjà en cours à l’université de Harvard pour analyser l’usage de l’espagnol aux États-Unis, où cette langue connaît une progression constante avec plus de 40 millions de locuteurs. En 2019, l’espagnol était la langue, autre que l’anglais, la plus parlée dans les foyers américains (62%), soit douze fois plus que les quatre autres langues les plus courantes (chinois, tagalog, vietnamien et arabe). “L’objectif est de comprendre comment cette langue peut devenir un acteur majeur de la recherche scientifique,” a ajouté García Montero.
Le Mexique, avec plus de 120 millions de locuteurs, est le pays qui compte le plus d’hispanophones au monde, selon un rapport de l’Institut Cervantes. Le nouveau projet envisage également d’examiner l’utilisation de la langue dans ce pays, mais aussi dans le reste de l’Amérique Latine et dans les Caraïbes, chaque nation ayant ses propres termes et expressions. “La UNAM est une référence incontournable,” a affirmé le directeur du Cervantes. Le recteur Lomelí a précisé que cette initiative visera à certifier la position de la langue comme référence internationale. “C’est un projet crucial car la langue est une construction sociale dynamique dont l’évolution mérite une attention particulière,” a souligné l’académicien.
Ma Vision
Je pense que ce projet va au-delà d’une simple initiative académique. En intégrant l’espagnol dans le domaine scientifique, il forge des ponts entre les disciplines et les cultures, permettant ainsi à des chercheurs hispanophones d’être entendus dans un univers où l’anglais prédomine encore. Cet effort pourrait redéfinir la perception de l’espagnol non seulement en tant que langue littéraire, mais également comme véhicule essentiel pour l’innovation scientifique, ce qui enrichirait sans aucun doute le paysage intellectuel mondial.
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