Unilever abandonne ses projets de vente de sa division glace et se concentre sur une introduction en bourse
Unilever a décidé de suspendre ses projets de vente de sa division glace, valorisée à 15 milliards d’euros, à des groupes de capital-investissement, et choisit plutôt de se concentrer sur une introduction en bourse indépendante de cette unité.
Le groupe de biens de consommation avait indiqué en mars son intention de se séparer de son activité glace. Il avait cherché à susciter l’intérêt de groupes de rachat pour sa division, qui comprend des marques renommées telles que Ben & Jerry’s, Magnum et Wall’s.
Cependant, la taille importante de cette division ainsi que la complexité de sa chaîne d’approvisionnement ont contribué à refroidir l’intérêt des firmes de capital-investissement, selon des sources proches du dossier. Cela dit, il est encore possible qu’un enchérisseur se manifeste.
Unilever, membre du FTSE 100, avait décidé de dissocier son activité glace — représentant environ 16 % de son chiffre d’affaires global — dans le cadre d’un plan de redressement dirigé par son directeur général, Hein Schumacher, qui inclut également la suppression de 7 500 emplois, principalement en Europe.
Les personnes familières avec la procédure ont souligné que la taille et la complexité d’un éventuel accord constituaient un obstacle majeur. Certains estimations font état d’une évaluation du business entre 10 et 15 milliards d’euros.
Parmi les autres défis, on retrouve la performance de l’activité glace, la logistique complexe, et les prises de position politiques souvent audacieuses de la marque Ben & Jerry’s.
« Ce qui est très spécifique avec la glace, c’est la chaîne d’approvisionnement », a déclaré un cadre d’une société de capital-investissement ayant étudié un potentiel accord avec Unilever, ajoutant qu’il n’était pas clair comment un groupe de rachat pourrait gérer l’entreprise différemment de l’actuelle direction.
Il a également noté qu’il serait difficile de faire de la glace un produit moins saisonnier en Europe.
La semaine dernière, Ben & Jerry’s a déposé une plainte légale contre sa société mère à New York, alléguant qu’Unilever avait menacé de dissoudre son conseil d’administration indépendant et avait "silencé" la marque concernant son soutien aux réfugiés palestiniens.
Lors de la mise à jour des résultats du troisième trimestre le mois dernier, Unilever a indiqué que les ventes de ses marques de glace avaient augmenté de 9,8 % par rapport à l’année précédente, bien au-delà des 4,3 % de croissance anticipés par les analystes.
Schumacher a affirmé à plusieurs reprises qu’une scission était la voie la plus probable, tout en indiquant que l’entreprise explorerait toutes les options pouvant créer de la valeur pour les actionnaires. Il a déclaré que la séparation devrait être achevée d’ici la fin de l’année prochaine.
Unilever a déjà vendu des actifs à des groupes de capital-investissement, notamment KKR, qui a acquis son activité de tartinades pour 7 milliards d’euros en 2017, et CVC, qui a racheté son activité de thé pour 4,5 milliards d’euros en 2021.
Une source proche du dossier a mentionné que l’élection récente de Donald Trump à la Maison Blanche pourrait avoir un impact "positif" sur les projets d’introduction en bourse d’Unilever, la situation du marché des IPO étant jugée plus favorable actuellement.
Unilever n’a pas souhaité commenter.
Notre Opinion
La décision d’Unilever de tourner le dos à la vente de sa division glace pour privilégier une introduction en bourse témoigne des enjeux stratégiques complexes auxquels l’entreprise est confrontée. Ce choix pourrait refléter une volonté de valoriser pleinement une marque emblématique tout en naviguant habilement dans un marché en mutation rapide. Les associations politiques et les dynamiques de consommation actuelles, notamment au regard du soutien à des causes sociales, exacerbent encore ces considérations, rendant l’avenir incertain mais potentiellement enrichissant pour les parties prenantes.
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Marine Martin, originaire de l’île Maurice, a débuté sa carrière comme conseillère bancaire avant de se faire un nom à New York. Passionnée par les marchés financiers internationaux, elle se spécialise dans les domaines de la banque, de la finance et du trading.