Le terme « pornovengeance » a gagné en popularité ces dernières années, désignant une forme de violence sexuelle numérique. Ce type de diffusion non consentie d’images ou de vidéos explicites représente un risque pour toute personne utilisant les réseaux sociaux, les femmes étant les principales victimes de ces crimes.
Dans ce contexte, l’approbation unanime du projet de loi 61, qui régule les cybercrimes au Panama, à l’Assemblée nationale se présente comme un nouvel outil pour protéger le bien-être des victimes de tels délits, suscitant des réactions favorables de secteurs militants pour les droits humains et les droits des femmes.
Selon Corina Rueda, avocate et membre de l’organisation Idea International, cette loi signifie que les femmes ont le droit de disposer de leur corps et ne devraient plus avoir à « supplier les systèmes judiciaires » pour’obtenir des lois qui protègent leur intégrité.
« Nous vivons dans une époque où la vie numérique est devenue personnelle et intime, il est essentiel de trouver des moyens de protéger le matériel intime au sein de nos relations. Il est également crucial de sanctionner tous les endroits où les corps des femmes sont commercialisés », a souligné Rueda à La Estrella de Panamá.
Rueda et d’autres activistes attendent désormais que le président José Raúl Mulino signe cette loi, après quoi elle sera publiée au Journal officiel, pour déterminer les prochaines étapes. De plus, il existe des attentes selon lesquelles le ministère public pourrait se former sur ces enjeux afin de ne pas revictimiser les personnes touchées par cette forme de violence.
« Il est important de noter que cette lutte a été portée par les femmes et que les femmes continueront de se battre en Amérique Latine, car bien qu’il existe des hommes victimes de ce type de délits, 89,9 % des survivants sont des femmes », a-t-elle déclaré, saluant les avancées en matière de droits des femmes et des filles.
Avec cette décision parlementaire, le Panama devient le troisième pays de la région à réglementer de nouvelles modalités de cybercriminalité et d’invasion de la vie privée. Cette loi vise à protéger l’ensemble de la société, incluant les enfants, les femmes, les hommes, les personnes âgées et celles en situation de handicap, dans la lutte contre les cybercriminels et le chantage résultant de la violence sexuelle numérique.
Néanmoins, ces groupes reconnaissent qu’une seule loi ne suffira pas à résoudre des problèmes d’ordre structurel. Rueda a également souligné que les prochaines étapes majeures en matière de droits humains devraient viser à établir des définitions dans les corps juridiques, à disposer de matériels de prévention, à évaluer l’efficacité de la loi et à avoir les équipes nécessaires pour lutter contre ce type de délits.
L’activiste Yuri Pittí a évoqué l’importance d’investir dans des processus éducatifs en matière de technologie, axés sur les dangers de ces outils, notamment pour les populations vulnérables susceptibles d’être victimes des délits prévus par la loi 61.
Pittí a également fait référence à l’action de l’Assemblée et à la votation unanime en faveur de cette loi, soulignant que « nous entrons dans une nouvelle ère où les lois doivent répondre aux problèmes sociaux ».
« La loi 61 traite de problèmes sociaux contemporains, et il y a une demande sociale clair pour que ce type de législation réponde aux besoins. Nous espérons que l’exécutif pourra également franchir le pas vers un système légal capable d’apporter des solutions, en particulier aux jeunes », a-t-elle déclaré à ce média.
Notre Point de vue
La législation sur la pornovengeance au Panama constitue un pas en avant significatif dans la lutte contre les violences numériques, notamment à l’égard des femmes. Ce mouvement législatif s’inscrit dans un cadre plus large où la protection des droits individuels devient une priorité mondiale. En Europe, le débat autour des cybercrimes et des violences en ligne est également en plein essor, favorisant des initiatives similaires, mais souvent en proie à des débats plus intenses concernant des questions de liberté d’expression. Il est crucial que l’Europe inspire des mesures robustes qui allient protection des victimes et respect des droits fondamentaux, tout en apprenant des exemples de mobilisation réussie d’autres régions comme le Panama.
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