J’ai eu l’occasion d’échanger avec Per Pleks, un artiste de la scène électronique qui attire de plus en plus l’attention grâce à sa fusion unique de sons et de styles, tout en adoptant une approche authentique et directe. Établi à Dortmund, en Allemagne, il façonne sa carrière musicale depuis près d’une décennie. Ce n’est toutefois qu’avec la pandémie et les bouleversements significatifs dans l’industrie de la musique qu’il a réellement trouvé sa voix artistique et lancé son projet en 2020.
Ce qui me frappe particulièrement dans son parcours, c’est la manière dont il a exploré divers genres musicaux, allant du Detroit house au deep house, en passant par des genres plus intenses tels que le drum and bass et le dubstep. Per Pleks incarne parfaitement l’idée qu’un artiste peut constamment évoluer, s’adapter aux changements d’une scène musicale mondiale tout en préservant son essence.
Au cours de notre entretien, Per Pleks a partagé comment son diagnostic de neurodivergence a profondément influencé à la fois sa vie personnelle et sa musique, lui permettant ainsi d’adopter une approche plus claire et adaptée à son mode de travail. Il a également évoqué l’impact de la pandémie sur la scène des raves et a partagé sa vision pour l’avenir, désireux de maintenir une connexion authentique avec sa communauté et son public.
Nous avons commencé par discuter de ses débuts et de la manière dont il s’est forgé en tant qu’artiste. Per Pleks a été franc sur son parcours, révélant des détails sur sa vie avant la musique et comment il en est arrivé là où il est aujourd’hui.
“Je suis de Dortmund, j’ai 29 ans et cela fait presque 10 ans que je suis producteur et DJ. Pendant la semaine, j’apprécie la tranquillité que m’apportent le jardinage et les projets de bricolage. J’ai obtenu un diplôme en immobilier et j’ai travaillé dans ce secteur jusqu’à devenir musicien à temps plein en avril 2023.”
“Sur le plan musical, j’ai dû parcourir un long chemin pour développer et définir mes goûts. J’ai essayé de produire pratiquement tous les genres et styles qui m’attiraient à ce moment-là. J’ai commencé avec le ‘Detroit house’, le ‘deep house’ et j’ai également exploré le ‘UK garage’. C’est là que j’ai découvert ma passion pour la musique basses, comme le ‘drum and bass’, mais j’ai aussi été séduit par la scène américaine, dominée par le ‘dubstep’ et le ‘bass house’. Pendant longtemps, je n’avais pas de vision claire de moi-même en tant qu’artiste, mais avec les années, j’ai appris à identifier mes forces et mes faiblesses.”
C’est en 2020, lorsqu’il a décidé de redémarrer sa carrière et de créer sa marque Per Pleks, que tout a commencé à prendre sens pour lui.
“Je savais que j’avais besoin d’un nouveau départ créatif, alors en 2020 j’ai fondé mon projet Per Pleks, fusionnant mes influences et styles pour créer un son frais pour la scène rave émergente post-pandémie. La musique que je crée aujourd’hui est davantage une forme d’énergie qui transporte le public dans un voyage de surprises et de motifs répétitifs prévisibles, à l’instar des morceaux de techno early et de hardstyle.”
Au cours de notre discussion, je lui ai demandé quelles avaient été les influences qui avaient façonné sa musique. Sa liste d’inspirations est vaste, mais il a mis en avant quelques noms clés qui l’ont profondément marqué.
“La liste est interminable, mais quelques-uns des premiers noms qui me viennent à l’esprit dans le domaine de la musique électronique sont : Svetec, qui a longtemps été à la pointe de la scène et m’a vraiment fait comprendre l’importance du groove dans un morceau. Crankdat, qui est non seulement un producteur innovant mais aussi un génie du marketing qui ne se prend pas trop au sérieux. Tame Impala, un artiste totalement autodidacte qui repousse les limites du design sonore et compose des chansons inoubliables.”
“Luciid est un ami proche et j’admire la façon dont il parvient à apporter sa propre identité à différents styles musicaux de manière créative. Eczodia, à mon avis, représente la prochaine étape du développement de la scène de danse plus dure, en combinant des éléments de différents genres pour créer un son totalement nouveau.”
Il a également évoqué comment des influences en dehors de la musique électronique ont eu un rôle important dans sa vie :
“Serj Tankian n’est pas seulement le chanteur du groupe SoAD, qui m’accompagne depuis mon adolescence, mais il mène également d’incroyables projets en solo et est un incroyable activiste politique.”
Tout au long de l’entretien, il était clair que Per Pleks n’est pas seulement un producteur et un DJ doué, mais qu’il possède également une compréhension profonde du rôle de l’artiste à l’ère moderne. Lorsque je lui ai demandé comment il définirait un artiste en 2024, sa réponse était éclairante.
“Ce n’est pas seulement en 2024 qu’un créatif cherchant à atteindre un certain niveau de succès doit acquérir une multitude de compétences au-delà de la musique. Un artiste est quelqu’un qui peut porter son art devant le public. Autrefois, cela se réalisait grâce au soutien des maisons de disques, à un bon marketing et à un budget important. Aujourd’hui, à l’ère des réseaux sociaux, les créatifs ont davantage de pouvoir pour bâtir leur carrière eux-mêmes.”
Bien que de nombreux artistes soient réticents vis-à-vis des réseaux sociaux, Per Pleks y voit une opportunité :
“Je sais que beaucoup de musiciens n’apprécient pas l’univers des réseaux sociaux, mais pour moi, même si parfois cela ressemble à un travail à plein temps qui peut être stressant, c’est une excellente opportunité de construire une carrière en n’étant pas dépendant des labels ou des managers. Être une personnalité authentique, humble et ouverte, c’est ce qui attire les fans à découvrir au-delà de votre dernier morceau. Ils deviennent des fans de vous, pas seulement de votre musique.”
Un des moments les plus intimes de notre dialogue fut lorsque nous avons parlé de sa neurodivergence. Per Pleks a été très ouvert sur la manière dont sa neurodivergence a influencé sa vie et sa carrière.
“Beaucoup de personnes ne savent pas ce que signifie être ‘neurodivergent’, mais la plupart ont entendu parler de termes comme ‘TDAH’ ou ‘autisme’. En 2024, la science neurologique reconnaît que vous ne pouvez pas réduire une personne à un simple diagnostic. J’ai été diagnostiqué en 2023, après avoir ressenti pendant toute ma vie que je ne correspondais pas aux attentes de mon environnement. Maintenant, je comprends mieux mon cerveau et comment je fonctionne, ce qui m’aide à naviguer dans ma vie de manière plus consciente.”
Ce processus d’autodécouverte a non seulement amélioré son bien-être personnel, mais a également influé sur sa musique, lui permettant de se concentrer et de trouver la paix dans la création.
“Pendant des années, j’ai trouvé ma paix en étant un passionné, assis devant mon ordinateur à créer des sons étranges et de la musique, construisant mon propre univers. C’est ce qu’on appelle ‘l’hyperfocalisation’, une capacité du cerveau neurodivergent à se concentrer profondément sur une tâche ou une compétence. Je crois que je n’ai jamais rencontré autant de personnes neurodivergentes que ces deux dernières années, prouvant qu’il y a une place pour tous.”
Pour conclure, je lui ai demandé quelle était sa vision pour l’avenir, tant sur le plan personnel que musical. Per Pleks a partagé avec enthousiasme ses projets pour la fin de 2024 et pour 2025.
“Je me sens chanceux d’avoir une fin d’année 2024 et un début d’année 2025 très prometteurs. Je travaille sur une musique plus expérimentale, je joue dans des lieux que je ne pouvais qu’imaginer, et je collabore avec des artistes que j’ai admirés pendant longtemps. Ce qui me pousse vraiment, c’est de créer de la musique qui me donne envie de danser en étant en train de la faire, et je ferai confiance à mon propre goût et au plaisir de danser pour guider mes futures productions.”
Réflexions finales
À l’issue de ma conversation avec Per Pleks, j’ai été profondément impressionné non seulement par son approche musicale mais aussi par l’authenticité et la profondeur avec lesquelles il aborde sa vie et son art. En tant que journaliste, j’ai eu la chance d’interviewer de nombreux artistes, et même si chacun a quelque chose d’intéressant à dire, peu réussissent à transmettre de manière aussi sincère comment leur vie personnelle et leur travail créatif sont inextricablement liés. Per Pleks fait partie de ces rares cas où chaque aspect de son être semble nourrir directement sa musique, de ses expériences de vie à sa neurodivergence.
Ce qui m’a le plus frappé, c’est son ouverture à parler de sa neurodivergence. Il est rare de trouver quelqu’un qui partage son histoire avec une telle transparence, sans craindre de se montrer vulnérable. Beaucoup d’artistes préfèrent garder cette partie de leur vie dans l’ombre, mais Per Pleks a choisi d’embrasser sa singularité et d’en faire une force. Sa capacité d’hyperfocalisation, qu’il décrit comme un “superpouvoir”, lui a permis de perfectionner son son et de trouver la paix dans la création musicale, ce qui, selon ses dires, n’a pas toujours été facile dans sa vie quotidienne.
La façon dont Per Pleks a utilisé son diagnostic récent pour mieux se comprendre et trouver une manière de naviguer dans le monde, tant sur le plan personnel que professionnel, me semble non seulement admirable, mais également profondément inspirante. Ce type d’autoconnaissance et d’acceptation est un processus que beaucoup n’atteignent pas au cours de leur vie, et le voir réussir à travers la musique est un rappel du pouvoir que la création artistique peut avoir sur la croissance personnelle.
En outre, sa perspective sur l’industrie musicale moderne m’a semblé rafraîchissante. De nombreux artistes voient l’écosystème actuel des réseaux sociaux et de l’auto-promotion comme un fardeau, quelque chose de nécessaire mais ennuyeux. Cependant, Per Pleks a accepté cela comme une partie intégrante de sa carrière, un outil pour atteindre son public de manière directe, sans dépendre exclusivement des maisons de disques ou des agents. Pour lui, la clé réside dans l’authenticité : être soi-même et bâtir une base de fans qui apprécient non seulement sa musique mais également sa personnalité et son approche transparente de la vie.
Il est indéniable qu’à notre époque, les réseaux sociaux jouent un rôle crucial dans le succès d’un artiste, mais ce qui distingue Per Pleks, c’est que sa connexion avec sa communauté va au-delà des interactions superficielles. Il souhaite bâtir quelque chose de durable, quelque chose de réel. Il m’a parlé de la manière dont sa musique dépasse le simple divertissement ; elle constitue un moyen de connecter avec les gens d’une manière qui transcende les barrières physiques ou virtuelles. C’est précisément cette intention de maintenir une connexion authentique qui le distingue de nombreux autres dans l’industrie.
Musicalement, sa capacité à fusionner les styles et les genres de manière fluide m’a également impressionné. Au cours de l’entretien, il a cité des noms tels que Svetec, Crankdat, et Tame Impala, ce qui m’a donné un aperçu de la diversité de sa palette d’influences. Ce qui est fascinant, c’est la façon dont il a intégré ces influences pour créer un son qui lui est indiscutablement propre. Beaucoup d’artistes se retrouvent piégés en essayant d’imiter leurs héros musicaux, mais Per Pleks a trouvé le moyen de rendre hommage à ces influences tout en continuant à tracer son propre chemin musical. Cela témoigne de sa maturité artistique et de sa clarté sur qui il est et où il veut diriger sa musique.
Peut-être qu’un des moments les plus mémorables de notre discussion fut lorsque Per Pleks aborda sa vision pour l’avenir. Il n’est pas préoccupé par les tendances du marché ni par le fait de plaire à la foule. Au contraire, il fait pleinement confiance à son propre instinct musical, à ce qui lui procure du plaisir, à ce qui le fait danser durant sa création. Cette sincérité est rare dans un monde où tant d’artistes sont obsédés par les chiffres, les charts et les algorithmes de streaming. Per Pleks, en revanche, recherche quelque chose de plus pur : une connexion avec sa propre créativité et une confiance que cette authenticité résonnera avec ceux qui l’écoutent.
À la fin de notre entretien, j’ai ressenti que Per Pleks n’est pas simplement un artiste cherchant à être innovant et authentique, mais également une personne dotée d’une grande sagesse sur la vie. Sa réflexion m’a fait réaliser que, dans une industrie aussi compétitive que celle de la musique, la clé du succès à long terme ne réside pas nécessairement dans le fait de suivre les dernières tendances ou de maîtriser le marketing, mais dans la connaissance de soi et la fidélité à cette identité.
En tant que journaliste, cette rencontre m’a profondément marqué. Il est rare de croiser quelqu’un d’aussi sincère et réfléchi que Per Pleks. Son parcours n’a pas été de tout repos, mais il l’a affronté avec une bravoure qui, sans l’ombre d’un doute, le conduira vers de grandes réalisations, tant sur le plan musical que personnel. Je crois fermement que son avenir est prometteur et je suis impatient de découvrir jusqu’où il pourra aller.
Notre Point de vue
Dans un monde musical en constante évolution, l’expérience et la vision d’artistes comme Per Pleks méritent d’être mises en lumière. Ils rappellent que la sincérité et l’authenticité peuvent s’avérer être des atouts précieux dans une industrie souvent marquée par la superficialité. Les artistes qui se servent de leurs expériences personnelles pour enrichir leur art, tout en tissant des liens authentiques avec leur public, semblent avoir une longueur d’avance. Il est encourageant de voir des voix émergentes comme la sienne, prônant une vision de la musique inclusive et authentique, ce qui pourrait bien façonner l’avenir de la scène électro en Europe et au-delà.
- Source image(s) : mixmaglatam.com
- Source : https://mixmaglatam.com/read/per-pleks-latam-2024-08-revista-digital