Réflexions enrichissantes d’experts sur la lecture et l’alphabétisation numérique au XXIe siècle

Le Vème séminaire sur l’Innovation Éducative, organisé par Ticmas, s’est tenu à Mexico et a rassemblé des experts en pédagogie et technologie pour discuter des défis et opportunités actuels en matière d’éducation. Un panel animé par Oscar Colorado a mis en lumière le rôle transformateur de la lecture et de l’alphabétisation dans un contexte numérique élargi au sein du système éducatif. Les interventions d’Ana Marcela Castellanos, vice-rectrice de l’Université La Salle, et d’Álvaro Álvarez Delgado, coordinateur du programme « Pasión por la Lectura » du Tec de Monterrey, ont offert une perspective intégrale sur l’engagement des technologies en classe.

L’alphabétisation numérique dépasse les simples compétences techniques : elle constitue une opportunité de réduire les inégalités, de favoriser le pensée critique et de préparer les étudiants à un avenir incertain. Les intervenants ont également évoqué des stratégies concrètes pour susciter l’intérêt pour la lecture et maximiser l’usage des outils technologiques à divers niveaux éducatifs.

Le panel a exploré comment la médiation technologique peut enrichir l’éducation dans un monde où la connectivité est devenue une condition de base. Ana Marcela Castellanos a examiné l’alphabétisation numérique sous un angle multidimensionnel, soulignant qu’elle ne doit pas seulement se limiter à l’accès aux appareils, mais également comprendre le développement de compétences permettant aux étudiants d’interagir de manière critique avec la technologie.

Les données fournies par Castellanos sont révélatrices : en 2023, 33 % de la population mondiale n’avait toujours pas accès à Internet. Ce fait met en exergue une fracture numérique significative, impactant directement les opportunités éducatives, notamment dans les contextes défavorisés. Au Mexique, où 81 % de la population utilise Internet, des différences notables subsistent entre les zones urbaines et rurales, ainsi qu’entre les divers niveaux socioéconomiques. Castellanos a souligné que cette inégalité ne doit pas être insurmontable. Au contraire, elle a proposé que la médiation technologique soit un outil pour franchir ces barrières et garantir un accès équitable à l’éducation.

La médiation technologique nécessite une approche adaptative tenant compte des réalités de chaque milieu éducatif. Castellanos a noté que, bien que les ressources numériques soient plus disponibles dans certaines écoles, de nombreuses institutions font encore face à d’importantes carences. Cela contraint les enseignants à rechercher des solutions créatives, telles que l’utilisation d’applications gratuites ou de dispositifs partagés. De plus, l’alphabétisation numérique ne se limite pas à l’usage d’outils technologiques; elle englobe également des compétences telles que la capacité d’évaluer la véracité de l’information, un élément fondamental dans une ère saturée d’informations.

Parmi les avantages de l’alphabétisation numérique, Castellanos a évoqué l’accès à l’emploi, l’accès à des informations pertinentes et le développement de compétences clés pour la vie en société. Elle a également insisté sur la nécessité d’une formation continue pour les enseignants, qui doivent se tenir au courant des technologies émergentes et adapter leurs méthodologies pour maximiser leur impact. Dans cette optique, la médiation technologique s’avère être un pilier essentiel pour transformer le système éducatif et répondre aux défis du XXIe siècle.

D’autre part, Álvaro Álvarez Delgado a partagé plusieurs stratégies visant à susciter l’intérêt pour la lecture dans un environnement où les technologies numériques captivent l’attention des étudiants. Fort de son expérience en tant que coordinateur du programme « Pasión por la Lectura », Álvarez soutient que la réussite d’une activité de lecture dépend de la manière dont elle est présentée et vécue.

Une des idées les plus novatrices d’Álvarez est l’intégration de la lecture multisensorielle. Cette technique combine l’interaction avec des textes littéraires et des activités créatives, telles que des illustrations ou des adaptations sonores. Il a relaté une expérience où des élèves de primaire ont réalisé des peintures inspirées de haikus de José Juan Tablada, utilisant des matériaux faits maison comme le jaune d’œuf et des colorants naturels. Selon lui, ce type d’activités éveille la curiosité des élèves et les connecte émotionnellement à la littérature.

Dans le domaine numérique, Álvarez a mis en avant des applications telles que Canva et Powtoon pour encourager la créativité et la compréhension de la lecture. Ces outils permettent aux étudiants d’exprimer leurs interprétations littéraires à travers des présentations visuelles, des vidéos ou des projets interactifs. Il a également proposé l’utilisation de notes vocales et de podcasts comme formats alternatifs pour traiter des textes. Par exemple, les élèves peuvent enregistrer une analyse critique d’une œuvre ou adapter un conte classique à une narration moderne.

Les technologies numériques offrent aussi des possibilités de personnaliser l’apprentissage. Álvarez a soulevé que des plateformes comme Socrative permettent aux enseignants de concevoir des questions spécifiques qui aident à évaluer la compréhension de la lecture et stimulent le débat en classe. Ces outils facilitent non seulement l’évaluation, mais favorisent également le dialogue et la pensée critique, des éléments essentiels pour développer des compétences en lecture.

Un autre point souligné par Álvarez est l’importance d’intégrer les technologies dans des activités de groupe et institutionnelles. Il a proposé la création de clubs de lecture virtuels, utilisant des outils tels que Zoom ou Teams pour connecter des étudiants de différentes disciplines et encourager une discussion plus riche sur les textes. Selon Álvarez, ces initiatives enrichissent non seulement l’expérience de lecture, mais renforcent également la communauté éducative.

Le panel a également discuté de l’impact de l’alphabétisation numérique sur la préparation des étudiants à un futur incertain. Castellanos a rappelé que de nombreux métiers de 2030 n’ont pas encore été inventés, ce qui constitue un défi majeur pour les systèmes éducatifs. Dans ce cadre, l’alphabétisation numérique ne se révèle pas seulement utile pour le présent, mais constitut également un investissement pour la capacité d’adaptation des étudiants.

La vice-rectrice de l’Université La Salle a insisté sur le rôle crucial des enseignants en tant que facilitateurs du changement. Selon Castellanos, le profil des enseignants doit évoluer pour inclure des compétences numériques, des habiletés sociales et une volonté d’accompagner les étudiants dans un monde en constante évolution. Cette approche exige un engagement envers la formation continue et une attitude ouverte aux nouvelles technologies.

Álvarez, pour sa part, a souligné que le lien entre les technologies numériques et la lecture est fondamental pour préparer les étudiants. Bien que la lecture traditionnelle conserve sa valeur, la numérisation offre de nouvelles opportunités pour personnaliser et diversifier l’apprentissage. À cet égard, il a suggéré aux éducateurs d’abandonner les méthodes traditionnelles au profit de celles qui tirent parti des avantages de l’environnement numérique.

Un exemple concret présenté par Álvarez est l’ utilisation de l’intelligence artificielle pour guider les étudiants dans leur parcours de lecture. Des outils tels que des chatbots ou des applications basées sur l’IA peuvent fournir des retours personnalisés, aidant ainsi les étudiants à améliorer leur compréhension et à développer leur pensée critique. Bien que ces technologies soient encore en développement, elles figurent parmi les avancées significatives vers l’intégration de la technologie dans l’éducation.