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Desaccord dans le secteur entrepreneurial et tensions au sein de l’exécutif concernant le projet de Décret Royal qu’Ernest Urtasun, ministre de la Culture, souhaite mettre en œuvre pour réguler les droits d’auteur relatifs aux œuvres utilisées pour l’entraînement de l’intelligence artificielle.

Ce projet, qui en est encore à ses débuts, révèle des divergences marquées entre Urtasun (Sumar) et des ministres d’autres portefeuilles, comme Oscar López de la transformation numérique (PSOE). Il a également suscité de vives critiques au sein de l’écosystème technologique ainsi que de nombreux acteurs de l’industrie créative et des médias.

Le 10 décembre dernier, la période de consultation pour contribuer au projet de Décret Royal s’est achevée. Ce texte doit réguler « la concession de licences collectives élargies pour l’exploitation massive d’œuvres protégées par des droits de propriété intellectuelle, dans le but de développer des modèles d’intelligence artificielle à usage général. »

L’objectif affiché est d’unifier la gestion des droits d’auteur pour leur utilisation par les entreprises technologiques impliquées dans la formation de modèles d’IA. Le Ministère de la Culture évoque des « défaillances du marché » concernant l’innovation dans ce secteur crucial, en raison des défis liés à l’obtention d’autorisations individuelles pour l’utilisation étendue d’œuvres protégées.

Bien que certains grands groupes médiatiques espagnols, à l’instar de PRISA, aient déjà négocié des accords avec de grandes entreprises comme OpenAI pour la commercialisation de leurs contenus dans l’avènement de l’IA, des voix s’élèvent contre cette approche.

La législation au cœur de ce Décret Royal précise que ce mode de régulation doit s’appliquer uniquement lorsque l’obtention d’autorisations individuelles s’avère impraticable. Les organismes de gestion sont tenus d’informer les titulaires de droits sur la licence, ainsi que de garantir un procédé simple pour s’y opposer.

Critiques au sein du gouvernement et du secteur technologique

Des sources informées indiquent que cette proposition n’est pas particulièrement bien accueillie par le ministère de la Transformation numérique. La direction d’Oscar López a déjà recueilli diverses critiques de la part du secteur technologique, et des acteurs influents dans le secteur public national soupçonnent que cette norme ne réussisse pas à obtenir un soutien durant son parcours parlementaire.

Ce constat témoigne non seulement d’un affrontement d’idées entre le ministère de la Culture et celui de la Transformation numérique, mais aussi d’une tension sous-jacente entre les deux partis de la coalition gouvernementale, entre un poids lourd comme Oscar López du PSOE et Ernest Urtasun, soutenu par Sumar.

Cela représente, en d’autres termes, un conflit entre le pragmatisme de la collaboration public-privé et une approche plus idéologique, en décalage avec la réalité du secteur.

À la suite des premières révélations sur ce projet de décret, nombre de commentaires ont fait écho à la situation vécue lors de l’instauration du « canon AEDE », qui, sous la présidence de José Luis Rodríguez Zapatero, cherchait à monétiser le contenu des médias à l’égard des entreprises technologiques, en particulier Google. Cela avait conduit à l’exclusion de grands agrégateurs de nouvelles comme Google News du marché espagnol pendant plus d’une décennie.

« Nous avons déjà connu ce type de situation. Cela donnerait un pouvoir excessif à ces organismes de gestion des droits. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une réglementation intelligente et durable, afin de ne pas nous retrouver en dehors des normes européennes, qui ont su établir des cadres clairs. » affirment des personnalités reconnues de l’industrie numérique.

Pour ce qui est de l’entité qui pourrait potentiellement gérer ces droits, CEDRO n’est pas novice et plaide depuis longtemps pour un contrôle de cette situation. En octobre de l’année dernière, CEDRO a anticipé en incitant les partis politiques à mettre en place « une réglementation garantissant la propriété intellectuelle sur nos créations, la neutralité et la transparence de l’intelligence artificielle générative, ainsi que la certification d’une utilisation adéquate pour éviter toute forme de biais, discrimination ou violation des droits fondamentaux. »

Cependant, le secteur des affaires voit les choses différemment : « Cette proposition freinerait l’innovation, le développement de l’intelligence artificielle et notre prospérité en tant que pays. De plus, elle exclurait de nombreux petits développeurs du marché. »

En détail : que propose Urtasun ?

La loi émanant du Ministère de la Culture viserait à étendre les licences collectives citées dans la Directive du 17 avril 2019, adoptée par l’Union Européenne. Cette approche légale permettrait aux organisations en charge de la gestion des droits de donner accès à ces œuvres, même au nom de ceux qui ne faisaient pas partie de ces entités.

Pour éviter que la norme ne soit annulée ultérieurement, ce projet de décret introduirait une modification par rapport aux régulations passées : l’introduction du droit d’exclusion volontaire (opt-out), offrant aux titulaires de droits ne souhaitant pas participer à ces licences la possibilité de retirer leurs œuvres de leur champ d’application.

De plus, pour encourager la transparence, les organisations de gestion devront garantir une publicité adéquate, informer les titulaires sur la finalité et les conditions des licences, et mettre en place des procédures claires pour exercer le droit de s’opposer à ces accords.

Finalement, des critères de représentativité seront établis pour les entités de gestion, afin qu’elles agissent au nom d’une proportion significative de titulaires dans le secteur concerné.

Les licences évoquées ne concerneraient que le développement d’IA nécessitant l’usage massif d’œuvres protégées, et pour une durée maximale de trois ans.

Notre Point de vue

Il est crucial de comprendre que le cadre réglementaire proposé par le ministre Urtasun doit non seulement tenir compte des droits des créateurs, mais également garantir un environnement propice à l’innovation technologique. S’engager dans un modèle qui favorise un dialogue constant entre le secteur public et privé semble essentiel pour éviter de reproduire les erreurs du passé. L’Europe a déjà montré qu’il était possible de concilier protection des droits d’auteur et développement technologique, et une approche similaire serait souhaitable au sein des pays membres pour encourager la créativité et l’innovation tout en respectant les droits des créateurs.



  • Source image(s) : www.elespanol.com
  • Source : https://www.elespanol.com/invertia/disruptores/politica-digital/espana/20241211/urtasun-enfrenta-sector-digital-pretende-usurpar-control-propiedad-intelectual-ia/907659628_0.html

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